
De nouvelles observations menées sur Mars viennent semer le doute sur ce que l’on pensait savoir du passé de la planète rouge. En analysant des roches pâles et discrètes, repérées par le rover Perseverance de la NASA, des scientifiques ont peut-être mis la main sur une preuve que Mars n’était pas seulement humide, mais qu’elle aurait aussi bénéficié d’un climat bien plus chaud que ce que la communauté scientifique supposait jusque-là.
Des indices d’un ancien Mars habitable
Les scientifiques savent déjà que Mars abritait autrefois de vastes océans et des réserves d’eau glacée. Certains indices suggèrent même que de l’eau liquide pourrait encore se cacher sous sa surface aride. Cependant, il reste difficile de reconstituer avec précision les conditions climatiques qui régnaient sur Mars il y a des milliards d’années, avant que ces océans ne disparaissent.
D’après une étude récemment publiée dans la revue Communications Earth & Environment, ces roches singulières, dispersées dans le cratère de Jezero, n’auraient rien à voir avec la roche mère locale. Surnommées « roches flottantes » car elles semblent venir d’ailleurs, elles présentent une composition chimique unique.
Grâce à l’instrument SuperCam, un laser puissant monté sur la « tête » du rover, les scientifiques ont pu analyser leur contenu sans les toucher. Ces roches renferment une forte concentration d’aluminium ainsi qu’un minéral bien connu sur Terre, la kaolinite. Or, la kaolinite se forme généralement dans des environnements où l’eau est présente en grande quantité, souvent accompagnée de chaleur. C’est le cas, par exemple, dans les régions tropicales soumises à de fortes pluies, ou encore près des sources hydrothermales. Ces conditions sont aussi celles qui, sur notre planète, favorisent l’apparition et le développement de formes de vie, notamment microbiennes.
En d’autres termes, ces roches pourraient être les vestiges d’une époque où Mars abritait non seulement de l’eau liquide, mais aussi un climat susceptible de soutenir la vie.

Une planète plus vivante que prévu ?
Les cailloux, presque passés inaperçus lors de l’atterrissage du rover il y a quatre ans, ont finalement attiré l’attention des chercheurs grâce à leur couleur inhabituelle. Sur une planète réputée pour ses teintes rouges et ocres, la présence de pierres grisâtres, presque blanches, a de quoi interpeller. Au fil du temps, leur nombre impressionnant — plus de 4 000 — a fini par convaincre les scientifiques qu’il fallait y regarder de plus près.
Jusqu’à présent, les scientifiques savaient que Mars avait été recouverte d’océans et de lacs. Mais la plupart pensaient qu’il s’agissait d’eaux froides, évoluant sous un climat glacial. Or, la présence de kaolinite bouleverse cette idée. Pour que ce minéral se forme, il faut non seulement de l’eau, mais aussi une chaleur importante sur une longue durée. « Ce que nous voyons là, ce sont les restes de roches qui ont été exposées à de l’eau chaude pendant des siècles », explique Roger Wiens, coauteur de l’étude et professeur en sciences planétaires à l’université Purdue.
La présence d’autres minéraux, comme le spinelle, suggère également des conditions extrêmes favorables à la vie. En poussant leur raisonnement plus loin, les chercheurs avancent même l’idée que de grandes quantités d’eau pourraient toujours être présentes sur Mars, non pas sous forme de glace, mais piégées dans ces minéraux.
À la recherche de l’origine de ces roches
Si cette découverte est majeure, elle n’est que le début d’une longue enquête. L’origine précise de ces « pierres cendrées » reste encore mystérieuse. Les scientifiques cherchent maintenant à comprendre d’où elles viennent. L’équipe de Perseverance projette de continuer à analyser ces roches « sur place ». À terme, il se pourrait même que certaines soient ramenées sur Terre lors d’une future mission, afin d’être étudiées en laboratoire avec des instruments plus avancés.
Ces résultats ajoutent une nouvelle pièce au grand puzzle de l’histoire de Mars. Si ces roches prouvent que la planète a été chaude et humide sur de longues périodes, cela augmenterait considérablement les chances qu’une forme de vie ait pu y apparaître.
Par ailleurs, de vastes structures cachées ont été découvertes sous la surface de Mars.