Le jeu vidéo se réinvente constamment. Depuis l’année dernière, on constate la multiplication des formules d’abonnement, et beaucoup pensent que, d’ici quelques années, on consommera du jeu vidéo sur le modèle de Netflix. Mais la réalité est plus complexe : les gros acteurs du milieu tentent des formules différentes, et il est difficile d’y voir vraiment clair.

Cloud gaming, abonnement classique : attention à ne pas confondre !

Il faut distinguer les formules d’abonnement entre elles, qui ne reposent pas sur les mêmes bases technologiques. Il existe un premier type d’abonnement, dit classique, vous payez un abonnement mensuel qui vous donne accès à un catalogue de jeux. Vous devez passer par la case téléchargement afin de pouvoir y jouer. Le Xbox Game Pass en est la parfaite illustration : pour 9,99 €/mois, vous avez un accès à plus de 200 jeux, comportant des gros titres comme Sea of Thieves ou Forza Horizon, mais également des jeux moins connus mais de bonne qualité. Une fois ces jeux téléchargés sur votre ordinateur, vous n’avez plus besoin d’être connecté à Internet. Toutefois, si en plus de jouer seul, vous voudriez jouer en ligne, vous aurez besoin du Xbox Live Gold (par exemple pour un mode multijoueur).

Le deuxième type d’abonnement est lié au cloud gaming : vous payez un abonnement mensuel pour accéder à des jeux, mais vous ne devez pas télécharger quoi que ce soit : vous jouez directement en ligne, et le jeu reste sur des serveurs. C’est ce que le service Stadia de Google représente. Il vous permet de jouer sur tout type de support, même depuis votre navigateur Internet, du moment que vous êtes connecté et que votre connexion est suffisante pour pouvoir jouer avec fluidité. Toutefois, vous devez également payer le prix des jeux. Avec la formule Stadia Base, vous devrez payer tous les jeux, tandis qu’avec Stadia Pro (9,99 $/mois), vous disposerez de jeux gratuits et de promotions en plus des jeux qui seront payants. En France, c’est la start-up Shadow qui fait parler d’elle dans le domaine du cloud gaming en proposant d’avoir un “ordinateur virtuel entier” pour 30 €/mois et de pouvoir jouer en ligne même si l’on ne dispose pas de console ou de PC gaming.

Le premier type d’abonnement vous permet de moins dépendre de votre connexion Internet que le second, puisque vos jeux sont directement installés sur votre ordinateur. En revanche, il vous demande d’avoir une bonne configuration afin de bien faire tourner les jeux, alors que le cloud gaming, reposant sur des serveurs, vous permet de jouer sur un vieux PC ou tout autre support. Chacun a donc des avantages et des inconvénients en fonction de ce dont vous disposez (connexion Internet et matériel technologique) et de votre budget.

Microsoft, un leader dans ces nouvelles formules

Cette année, de nombreux éditeurs ont annoncé vouloir proposer des formules d’abonnement. L’annonce de Stadia a beaucoup fait parler, puisque le service vient de Google : cela permet de démocratiser le sens de cloud gaming, même pour des gens qui ne jouent pas aux jeux vidéo. Durant l’E3, Ubisoft a présenté Uplay +, qui se range dans la première catégorie d’abonnement : pour 14,99 €/mois, vous aurez accès aux jeux du studio français sur votre PC, ainsi que tous les prochains jeux dès le premier jour de commercialisation. En 2020, une fonction de service streaming sera également disponible grâce à la technologie de Stadia.

Beaucoup d’éditeurs ont, depuis plusieurs années, tenté de trouver la meilleure formule. Mais pour le moment, c’est Microsoft qui mène la danse. Si l’on se fie à Xboxygen, le Xbox Game Pass représenterait à lui seul 30 % des revenus de toute la branche Xbox de Microsoft, avec ses 10 millions d’abonnés. Un montant impressionnant qui montre que les joueurs estiment que cette formule convient le mieux à leurs attentes.

Mais Microsoft a fait sensation avec sa nouvelle formule, le Xbox Pass Ultimate. Pour 12,99 €/mois, ce pass regroupe les avantages du Game Pass et du Live Gold : vous téléchargez les jeux sur votre ordinateur ET pourrez également jouer en ligne. Selon la publication de Xbox, le catalogue de 200 jeux va s’élargir et compter de nombreux grands titres du jeu vidéo comme la collection Borderlands, Batman Arkham Knight ou encore Metro Exodus. Le pass Ultimate a suscité un grand engouement du côté des joueurs, parce qu’il semble complet et disponible à un prix intéressant.

De plus, Microsoft a annoncé un partenariat avec Sony, son rival dans le domaine du jeu vidéo, où ils apportent leurs avancées technologiques concernant l’IA et le cloud. Nul doute que l’entreprise dirigée par Satya Nadella (qui considère depuis sa prise de fonction que cet aspect-là du jeu vidéo est un relais de croissance) compte maintenir sa place de leader.

Les consommateurs sont-ils vraiment avantagés ?

Beaucoup de spécialistes du jeu vidéo estiment que, d’ici une dizaine ou vingtaine d’années, les formules d’abonnement deviendront une norme et que le cloud gaming notamment sera vraiment démocratisé. Cela implique que la “guerre des consoles”, toujours d’actualité, n’aura plus vraiment de sens, car il ne sera plus question de créer la console la plus puissante. Les rapprochements entre les différents constructeurs témoignent de cette volonté de dépasser la rivalité actuelle.

Il n’empêche que ces nouvelles tendances présentent deux grands problèmes. Le premier est, qu’à l’heure actuelle, chacun déploie sa formule d’abonnement et le cumul revient cher pour les gamers. Pire encore s’ils sont également adeptes d’autres loisirs (séries, films, animes), et payent par exemple un abonnement Netflix, Spotify et/ou ADN. A cela s’ajoute évidemment le prix payé pour avoir Internet auprès de leur opérateur. Dans le futur, il est possible que Stadia soit finalement une solution simple, à condition que le catalogue disponible sur le service s’étende avec de nouveaux partenariats avec des éditeurs. Mais c’est là que se pose le second problème : la connexion Internet.

Le cloud gaming semble, à l’heure actuelle, réservé à une élite qui dispose de la fibre. En France, selon La Tribune, il n’y a que 3,3 millions de foyers qui avaient la fibre en 2018, même si des millions d’autres sont éligibles, rien n’est encore installé. La France dispose quand même d’un réseau plutôt performant, grâce à la forte concurrence entre SFR, Bouygues, Orange et Free, ce qui fait que même sans la fibre il est possible d’avoir une bonne connexion. Mais dans de nombreux autres pays, notamment la Belgique, la Suisse ou les Etats-Unis, une bonne connexion Internet peut coûter très cher : les prix peuvent grimper jusqu’à 70 euros par foyer. Alors que le cloud gaming veut être une forme de démocratisation du jeu, en proposant de jouer depuis sa télévision, son téléphone ou un ordinateur lambda, il reste tout de même difficile d’accès à une bonne partie de la population, y compris des passionnés de jeux vidéo.

Si ces tendances deviennent effectivement une norme, il est certain que la façon de consommer le jeu vidéo va évoluer, au rythme des décisions prises par les leaders du domaine, en particulier Google et Microsoft qui s’affrontent déjà pour proposer le meilleur service. Que pensez-vous de ces formules d’abonnement ?

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