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Un masque de satyre vieux de 2 200 ans confirme la présence d’un théâtre grec à Phanagoria

Cette découverte offre un aperçu rare de la vie culturelle et religieuse du royaume du Bosphore

Image d’illustration

Située au large de la mer Noire, Phanagoria était autrefois l’une des plus importantes colonies de la Grèce antique. Récemment, des vestiges du passé glorieux de cette ancienne cité grecque ont été mis au jour par des archéologues, et ils apportent une nouvelle perspective sur l’histoire des colonies grecques de la péninsule de Taman.

Un vestige perdu d’une ancienne colonie grecque

Dans le cadre de l’expédition archéologique de Phanagoria, des chercheurs menant des fouilles sur la cité grecque antique – située sur la péninsule russe de Taman – ont découvert la première trace concrète d’un théâtre classique dans cette ancienne colonie de la mer Noire. Les fouilles – soutenues par la Fondation Volnoe Delo d’Oleg Deripaska – ont permis de découvrir un fragment de masque de théâtre en terre cuite vieux de 2 200 ans. Mesurant près de 30 centimètres, le côté gauche du visage d’un satyre, avec des pommettes saillantes, une grande oreille et une barbe fournie, est préservé.

De légères traces de peinture subsistent sur le fragment, notamment un œil au contour bleu, ainsi qu’une barbe et une moustache rousses. Les archéologues ont expliqué que ce sont des traits caractéristiques des masques utilisés lors des représentations de la Nouvelle Comédie au IIe siècle av. J.-C. Les chercheurs ont ainsi affirmé que la taille du masque, les détails stylistiques et les perforations des sangles confirment qu’il s’agissait d’un authentique accessoire de scène plutôt que d’un objet votif miniature.

Dans la Grèce antique, les acteurs portaient des masques pour changer de rôle et exprimer leurs émotions. Les traits et les couleurs du visage permettaient au public de reconnaître la personnalité d’un personnage au premier coup d’œil. Par exemple, des cheveux roux et une barbe fournie indiquaient un tempérament fougueux et colérique. Le satyre est reconnaissable entre mille sur ce fragment de terre cuite, avec ses traits exagérés, ses cheveux ébouriffés et sa moustache en fer à cheval, qui rappellent les représentations des compagnons de Dionysos aux pieds de bouc.

L’héritage grec des cités du royaume du Bosphore

Cette découverte est importante, dans la mesure où il s’agit de la première preuve tangible de l’existence d’un théâtre grec à Phanagoria. En effet, s’il existe des sources historiques qui faisaient déjà allusion à une telle structure, la découverte de ce fragment dans le quartier central de l’ancienne citée montre que ce théâtre a bien existé. Par extension, cette découverte suggère ainsi que Phanagoria – comme d’autres métropoles du royaume du Bosphore – entretenait une vie culturelle dynamique, marquée par des représentations théâtrales et des fêtes dionysiaques.

Or, le théâtre n’était pas seulement un divertissement dans les anciennes colonies grecques, il était intimement lié aux rituels religieux honorant Dionysos, dieu du vin et de la transformation extatique. Notamment sous le règne de Mithridate VI Eupator, étant donné que ce roi fit de Dionysos son protecteur divin, faisant prospérer ce culte à Phanagoria. Cette découverte renforce ainsi l’idée selon laquelle les cités grecques de la mer Noire n’étaient pas uniquement de grandes villes commerciales, mais aussi d’importants centres culturels et religieux dans le royaume du Bosphore.

Par ailleurs, un auditorium grec vieux de 2 200 ans a été mis au jour en Sicile.

Par Gabrielle Andriamanjatoson, le

Source: Arkeonews

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