La situation écologique et climatique de la planète ne s’arrange pas, et ce malgré les circonvolutions politiques, les conférences internationales, les promesses de « capitalisme vert » et l’attention accordée à quelques provocateurs climato-sceptiques, le président américain Donald Trump en tête. Face à l’immobilisme, 200 personnalités poussent un cri du cœur.

Une situation intenable

A l’origine de ce texte publié dans Le Monde, l’appel lancé par l’actrice Juliette Binoche et l’astrophysicien Aurélien Barreau au lendemain de la démission aussi fracassante qu’inéluctable de Nicolas Hulot, ministre de la Transition Ecologique du gouvernement Philippe. Sans grand poids politique, inaudible au sein du gouvernement, impuissant face aux puissances économiques et à leurs lobbys, l’ex-vedette du petit écran a jeté l’éponge. La tâche n’était certes pas aisée. Dans la matinale de France Inter, émission choisie par le militant écologiste pour annoncer son départ, il justifiait son absence de résultat par la faiblesse, et parfois l’absence, des pressions exercées sur les politiques par la société civile : « Qui serait à la hauteur tout seul ? Où sont mes troupes, qui ai-je derrière moi ? »

Les plus optimistes verront donc dans ce texte l’embryon d’un tel mouvement. Ont répondu à l’appel des scientifiques (comme le mathématicien Mikhaïl Gromov, le climatologue Jean Jouzelle) mais aussi de nombreuses personnalités des mondes culturels et artistiques (Mathieu Kassowitz, Nils Arestrup, Vincent Delerme, Anish Kapour, Isabelle AdjaniCharles Aznavour…), ainsi que des journalistes de premier plan à l’image de Laure Adler. On retrouve ainsi 200 personnalités plus ou moins connues du grand public, réunies pour demander des comptes au pouvoir politique.

En novembre 2015 à Paris, les leaders mondiaux signaient un accord qualifié d »historique » pour lutter contre le réchauffement climatique. 3 ans plus tard, les résultats se font toujours attendre… © Flickr / Presidencia de la República Mexicana

Une prise de conscience nécessaire

Prenant acte du contexte dramatique dans lequel nous nous trouvons, celui de la 6e extinction massive des espèces (la dernière ayant mis fin au règne des dinosaures il y a 60 millions d’années) sur fond de pollution massive des airs, des sols et des eaux, et d’un réchauffement du climat global inéluctable malgré quelques mesurettes cosmétiques (et électorales) mises en avant, les auteurs tirent la sonnette d’alarme : « Au rythme actuel, dans quelques décennies, il ne restera presque plus rien. Les humains et la plupart des espèces vivantes sont en situation critique ». Face à ce danger, ils font le « choix du politique ». En d’autres termes, ce combat pour la survie de l’humanité surplombe tous les autres (« si celui-ci est perdu, aucun ne pourra plus être mené ») et constitue donc le maître étalon de toute évaluation du pouvoir :  » toute action politique qui ne ferait pas de la lutte contre ce cataclysme sa priorité concrète, annoncée et assumée, ne serait plus crédible ».

Contrairement à beaucoup d’autres initiatives abordant le problème sous un angle éthique et moral, voir quasi religieux (il s’agirait de sauver la terre face aux maux apportés par notre dangereuse espèce humaine), ce texte a le mérite de mettre les pieds dans le plat et de nommer les principaux responsables, à savoir les groupes de pressions économiques et financiers prêts à courir le risque d’un effondrement généralisés pour préserver leurs profits à court terme : « Nous proposons le choix du politique – loin des lobbys – et des mesures potentiellement impopulaires qui en résulteront », assume le texte. On espère d’autant plus que ce texte apportera sa pierre à une prise de conscience plus nécessaire que jamais.

© Pixabay
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