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18 coups de couteau dans un crâne révèlent un massacre de l’âge du bronze en Chine

Une violence extrême qui interroge les chercheurs

Crane Couteau
© Jenna M. Dittmar

Un cimetière exceptionnel en Chine, datant de l’âge du bronze, a révélé des traces de violences intenses à travers les blessures découvertes sur de nombreux squelettes, témoignant de conflits particulièrement brutaux. Dans ce cimetière vieux de 3 700 ans, situé à Mogou, dans la province de Gansu, des dizaines de squelettes présentent des traumatismes graves. Ces blessures semblent indiquer que les agresseurs infligeaient bien plus de dégâts que nécessaire pour neutraliser leurs victimes, faisant preuve d’une extrême violence lors des affrontements.

Des blessures multiples et excessives

Elizabeth Berger, bioarchéologue à l’université de Californie à Riverside, a présenté ces découvertes lors d’une réunion de la Society for American Archaeology à Denver, Colorado. Elle a souligné un cas particulièrement marquant. Une personne portait pas moins de 18 blessures distinctes à la tête, bien au-delà de ce qui aurait suffi pour la tuer. Ces résultats préliminaires, bien qu’impressionnants, n’ont pas encore été publiés dans une revue scientifique à comité de lecture.

Le site de Mogou, utilisé pour des enterrements entre 1750 et 1100 avant J.-C., appartenait à la culture de Qijia, une société agricole qui échangeait des objets en métal et en céramique avec d’autres groupes voisins. Ce vaste cimetière abrite plus de 1 600 tombes contenant environ 5 000 personnes. Une étude préliminaire menée en 2019 avait déjà révélé un taux élevé de traumatismes crâniens parmi les adultes. Des recherches récentes, basées sur 348 crânes d’adolescents et d’adultes, confirment cette tendance, avec 11,1 % des crânes présentant des blessures non cicatrisées, telles que des coupures, des impacts contondants ou des dommages causés par des projectiles.

Cependant, un détail a particulièrement surpris les chercheurs. Plus de la moitié des adultes blessés (55 %) avaient subi au moins trois traumatismes crâniens distincts, plutôt qu’un seul coup fatal. 

Une brutalité hors normes

Les hommes étaient plus souvent victimes de blessures multiples que les femmes, et ces traumatismes incluaient parfois des fractures aux mains, signe de tentatives de défense. Les crânes portaient des marques à divers endroits, comme l’avant et l’arrière, suggérant la présence de plusieurs agresseurs. 

Certains squelettes montrent des signes de violences extrêmes. Par exemple, un homme présentait non seulement une entaille profonde au visage, mais aussi des marques de coups de hache sur la jambe et 18 coups distincts à la tête. Cette intensité inhabituelle distingue nettement Mogou d’autres sites de la même époque en Chine, où les marques de violence sont généralement plus sporadiques et moins graves.

Les raisons de cette brutalité

Cette « surenchère » de violence, connue sous le terme d’« overkill » en médecine légale, pourrait indiquer une dimension émotionnelle ou symbolique dans ces actes, selon Elizabeth Berger. Il est possible que les homicides aient eu un but performatif, c’est-à-dire qu’ils servaient à montrer, démontrer, affirmer une domination. 

Les motivations de ces violences restent floues, mais elles pourraient être liées à des guerres ou des raids. La culture de Qijia occupait une position stratégique, à un carrefour d’échanges entre différents groupes, ce qui pourrait avoir favorisé des tensions. Une autre hypothèse pourrait être celle d’une vendetta. Il est possible que ces actes visaient non seulement à tuer, mais aussi à effacer l’identité sociale des victimes et à terroriser les survivants.

Pour autant, la violence semble avoir été profondément ancrée dans cette société, comme l’explique Jenna Dittmar, anthropologue biologiste : « La violence fait partie intégrante de la culture humaine. Analyser à nouveau des collections de squelettes peut nous aider à mieux comprendre ces comportements. »

Au-delà des violences elles-mêmes, les archéologues poursuivent leurs recherches sur le site, étudiant des restes d’animaux, des traces de parasites et d’anciens échantillons d’ADN. Ces travaux visent à mieux comprendre comment cette société s’est adaptée à une transition climatique vers un environnement plus sec et froid, qui pourrait avoir exacerbé les tensions entre populations.

Par ailleurs, retour sur les crânes cloutés, cette troublante pratique funéraire enfin expliquée.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: Live Science

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