Une espèce d’algues, qu’on ne s’attendait pas à rencontrer, a été découverte en Amérique du Nord. En effet, Lychnothamnus barbatus est une plante qui date du crétacé, l’ère des dinosaures. Et elle est censée avoir disparu de cette région du monde il y a bien longtemps.

Une plante très ancienne

Pour un oeil non exercé, c’est une algue d’eau douce comme on en trouve partout. Une simple tige de couleur vert-gris, d’une taille comprise entre 12 et 25 cm, à partir de laquelle se développent des petites branches plus courtes. Mais ce n’est pas son apparence qui fait son intérêt, c’est son âge.

Cette algue est vieille de plusieurs dizaines de millions d’années. On en a retrouvé des fossiles datant du crétacé. Cette ère, qui dure de -140 millions d’années à -66 millions d’années, est marquée par de nombreux bouleversements : extinction des dinosaures, apparition des plantes à fleurs, des abeilles ou encore des serpents. C’est aussi durant cette période que l’unique continent, la Pangée, se scinde pour former les continents actuels.

L’évolution du supercontinent Pangée. C’est au crétacé que l’Amérique se sépare du bloc Eurasiatique.

Une première en Amérique du Nord

C’est pourquoi l’équipe de John D. Hall et Kenneth Karol, du New York Botanical Garden, dont l’étude est publiée dans le Amercian Journal of Botany’s, ont été stupéfaits d’en découvrir aux États-Unis. La dernière preuve de l’existence de Lychnothamnus barbatus à l’ouest de l’Océan Atlantique était un fossile du crétacé retrouvé en Argentine ! La distribution géographique de cette algue d’eau douce se résume à l’Europe et à l’Océanie (particulièrement l’Australie).

En outre, les échantillons, dont l’ADN a été analysé, proviennent de pas moins de 14 lacs du Wisconsin et 2 autres du Minnesota. Ils ont été collectés entre 2012 et 2016. Une présence répandue pour une plante supposée disparue depuis des millions d’années dans la région. Car même dans les régions où on les trouve d’ordinaire, ces plantes ne vivent qu’en petit nombre.

Deux hypothèses possibles

 » Si nous ne les avons pas remarqués, c’est probablement dû au fait qu’une grande partie de ce qui se passe dans les cours d’eau et les lacs n’est pas soigneusement examiné, malgré des siècles de collecte », explique Richard McCourt, professeur à l‘Académie de sciences naturelles de l’Université de Drexel. Une surprise en forme de défi pour le spécialiste du sujet :  » cela signifie principalement que nous n’en savons pas autant que nous devrions sur ce qui nous entoure « .  » Il nous faut plus de pieds sur le terrain, et de mains dans l’eau, à collecter « , ajoute-t-il.

Mais la théorie d’une plante passée inaperçue sur un continent entier durant des siècles n’est pas la seule possibilité. Cette petite algue pourrait être une espèce invasive, importée comme beaucoup par bateaux, depuis l’Europe par exemple. Pour expliquer qu’elle soit retrouvée dans le Midwest plutôt que sur des régions côtières, McCourt à ici aussi sa petite idée : elles pourraient avoir été transportées par le courant depuis le Golfe Saint Laurent, au Canada, jusque dans les lacs américains. Un petit voyage, en somme pour une plante de l’époque des dinosaures.

L’algue aurait pu voyager de l’embouchure de la rivière Saint Laurent jusqu’au Midwest.
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