Avant d’explorer la musique classique, Your Lie in April est surtout le chemin du héros pour surmonter la mort de la personne qui comptait le plus pour lui. En développant une nouvelle relation qui apparaît rapidement éphémère, il va pourtant reprendre goût à la vie et reprendre le piano qu’il a abandonné depuis la mort de sa mère. Une histoire pleine de tendresse qui a fait sortir les mouchoirs à tous ses lecteurs.
Le jeune prodige Arima Kousei domine les compétitions de piano depuis qu’il sait appuyer sur un clavier. Et pour cause, c’est sa mère, elle-même pianiste renommée, qui l’entraîne avec sévérité quotidiennement. Alors qu’elle tombe malade, elle souhaite améliorer le plus rapidement possible le niveau de son enfant pour qu’il puisse un jour en vivre. Pour ce faire, elle n’hésite pas à faire usage de violence et de cruauté, faisant croire à Kousei que seuls ses bons résultats en compétitions lui permettront de guérir et de sortir de l’hôpital. Le jeune garçon y croit puisque la maladie met plusieurs années à l’emporter alors qu’il entasse les trophées.
Le jour où sa mère succombe enfin, le jeune Kousei est psychiquement détruit. Il se blâme et se replie sur lui-même, paralysé entre colère et culpabilité envers sa mère alors qu’il n’a que onze ans. Depuis ce jour fatidique, il n’entend plus le son de son piano. Il appuie bien sur le clavier, entend légèrement le tapotement de ses pieds sur la pédale, mais les notes ne produisent aucun son. La meilleure image qu’il trouve pour expliquer sa condition, c’est qu’il a l’impression de jouer sous l’eau, comme s’il était au fond d’un abysse et que la pression d’une touche ne faisait qu’un léger bruit lourd perdu dans le calme de l’océan.
Il arrête donc le piano et vit une vie incomplète où la seule chose qu’il aime réellement faire n’est plus praticable. Autour de lui, ses amis d’enfance Watari, un garçon de l’équipe de football, et sa voisine Tsubaki, qui a toujours tout fait pour remonter le moral de Kousei, même du temps où sa mère le frappait. Malgré cela, rien ne change vraiment pour notre héros. Peu après le début de l’aventure, Kousei marche dans un parc et fait la rencontre qui changera sa vie. Au milieu de plusieurs enfants, une jeune fille de son âge pleine de vie et aux cheveux blonds joue du mélodica.
Sa façon de jouer avec joie et en totale liberté le fascine. Lorsqu’il sort de sa rêverie, il comprend qu’il s’agit de Kaori Miyazono, une fille dont Tsubaki lui avait parlé qui est censée vouloir se rapprocher de Watari. On apprend peu après que Kaori est une violoniste et qu’elle attend son tour pour participer à une compétition dans la journée. Lorsque Kousei la voit jouer sur scène avec son accompagnateur au piano, la prestation change sa vie. À l’opposé du règlement strict imposé par sa mère, Kaori modifie les compositions des grands maîtres pour se les approprier et en faire ses propres versions.
Une relation va peu à peu se tisser entre les deux personnages alors que Kaori reconnaît en Kousei celui qui était connu dans toute la région quand il était petit pour être un prodige du piano. De là, elle tente par tous les moyens de le convaincre de reprendre le piano pour être son accompagnateur lors des prochaines compétitions. Kousei est tourmenté entre la frayeur de ne pas pouvoir jouer sur scène, car il n’entend plus ses notes, et l’envie de se rapprocher du magnétisme de Kaori. Mais l’histoire ne se contente pas de développer les deux protagonistes. Watari et Tsubaki qui ont au début l’apparence d’archétypes bien connus des mangas se révèlent aussi être des personnages au développement plus complexe et humain.
D’ailleurs, beaucoup de choses que l’ont tient pour vrai au début de l’histoire changent progressivement. Si le ton est assez léger avec beaucoup de traits d’humour dans la première partie, la narration prend une tournure dramatique et mature à partir du moment où l’on comprend que Kaori a un problème de santé. Au fil des chapitres, les blagues s’effacent et les personnages qui nous attendrissent depuis le début vivent des moments difficiles qui feront sortir les mouchoirs à bien des lecteurs. En fond, Chopin, Beethoven, Mozart, Saint-Saëns. On ne les entend pas sur papier, mais l’une des forces de Naoshi Arakawa est justement de nous faire entendre la musique au travers de son manga.
Ayant reçu les louanges des plus grands mangakas de l’industrie comme Eiichiro Oda (créateur de One Piece), Your Lie in April (Shigatsu wa Kimi no Uso) dépeint un style épuré dans ses décors et dynamique dans ses silhouettes. Les performances musicales sortent de la page et vous restent en tête. Pour ceux qui veulent prolonger l’expérience ou avoir directement la musique, le manga a été adapté en anime dans une version absolument magnifique qui respecte l’esprit du manga de A à Z. L’animation y est impeccable et les musiques brillamment interprétées. Un manga d’une rare beauté dont vous n’oublierez jamais la lecture. Et si vous vous demandez quel est le mensonge auquel le titre fait référence, il vous faudra suivre le récit jusqu’à la fin.
Que ce soit à travers les onze volumes du manga ou les vingt-deux épisodes de l’anime, Your Lie in April vous fera pleurer. Une histoire tragique et une grande leçon de vie sur la mortalité se dessine peu à peu alors que les premiers chapitres sont bien plus légers et comiques. À côté de ça, une musique envoûtante accompagne chaque moment clef du récit. La justesse des interprétations musicales de l’anime est exceptionnelle alors que les pages du manga semblent jouer la mélodie pour vous. Avez-vous préféré l’anime ou le manga ?
Par Florent, le
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