Si vous avez l’impression qu’un être miniature caché dans votre tête lit à voix haute ces mots, vous possédez, comme la majorité de la population, une « voix intérieure de lecture » (VIL).
Des études fondatrices
Les deux études les plus importantes sur le sujet ont été menées par Ruvanee Vilhauer, de l’université de New York. Se basant sur plus d’une centaine de témoignages, la chercheuse a établi qu’environ 80 % d’entre nous entendent effectivement une voix lors de la lecture silencieuse, et que celle-ci a presque systématiquement « un genre, une hauteur, un volume et un ton émotionnel reconnaissables ».
Si la moitié des sujets avaient déclaré posséder une seule VIL (généralement la leur), la lecture de dialogues pouvait faire intervenir plusieurs « personnages », tandis que celle de courriers ou de mails émanant de proches impliquait dans certains cas la voix de l’expéditeur.
Dans un article ultérieur, les questionnaires complétés par 570 volontaires ont révélé que 35 % des sujets possédant une VIL l’entendaient systématiquement, 45 % régulièrement, et que les 20 % restants pouvaient l’activer à la demande.
Environ 35,6 % d’entre eux ont également déclaré être en mesure de contrôler l’identité du narrateur, et 36,5 % le volume de sa voix.
Monologue intérieur
Très utilisée au cinéma (lorsqu’un personnage lit une lettre), la VIL partage des similitudes étroites avec le monologue intérieur, que l’on pensait initialement être un trait partagé par l’ensemble des humains.
De récents travaux ont montré que son absence (anendophasie) semblait compliquer la résolution de certaines tâches impliquant la mémoire verbale, pouvant être partiellement compensée par l’utilisation de stratégies alternatives.