Le cinéma d’horreur est un genre inépuisable, jouant avec nos nerfs et nos cordes vocales depuis déjà plus d’un siècle. Certains acteurs et réalisateurs se sont démarqués dans le genre par leurs carrières prolifiques et un travail de qualité. Leurs visages et leurs voix sont gravés pour toujours dans nos mémoires et leurs films hantent toujours nos nuits. Retour sur les figures emblématiques du cinéma d’horreur !

 

George Romero (1940 – Présent)

Le maître du film de zombie ! Inspiré du folklore haïtien décrivant des personnes mortes revenant à la vie grâce à la nécromancie, mais complètement dénué de volonté et de conscience. Dans La Nuit des morts-vivants, Romero dresse une critique sociale des États-Unis de la fin des années 60 et les zombies deviennent des goules qui ne souhaitent qu’une chose : vous dévorer. Sa filmographie est ponctuée de ce genre auquel il revient sans cesse, mais ne pensez pas que ses films soient de simples films de zombies bêtes et méchants. Ils regorgent de plusieurs niveaux de lecture qui dénoncent la surconsommation, l’uniformisation de l’individu et l’autorité militaire. Il apporte l’horreur au quotidien dans une atmosphère lugubre, mais glisse toujours au spectateur un léger espoir de voir quelques personnages s’en sortir. L’horreur et le cinéma en général lui doivent beaucoup.

 

Béla Lugosi (1882 – 1956)

Béla Lugosi est l’une des icônes du film d’horreur. Une légende parmi les légendes. Avant Christopher Lee, il est celui qui incarne Dracula à la perfection et marque plusieurs générations. Prédestiné pour le rôle, il était déjà vivant à l’époque de la sortie du roman de Bram Stoker et est né au pays des vampires : la Transylvanie. Son regard perçant le noir et blanc depuis ses yeux écarquillés, son accent slave et sa grande cape noire deviennent indissociables de Dracula. Mais sa carrière ne se résume pas au comte. Plus de 40 films d’horreur s’ajoutent à sa filmographie, jouant des monstres aux histoires tragiques, s’impliquant dans les films de Ed Wood et il partage l’affiche avec une autre légende de l’horreur, Boris Karloff, dans Le Corbeau qui s’inspire de l’oeuvre d’Edgar Allan Poe. Une vie passée à interpréter des rôles sombres et à façonner le genre de l’horreur.

 

Dario Argento (1940 – Présent)

Il est l’un des cinéastes les plus stupéfiants de l’histoire, même si ses films sont plus souvent projetés en école de cinéma que sur grand écran. Son style caractérise le genre giallo venu de son pays, l’Italie. Sa filmographie flirte entre l’horreur et l’érotisme et incorpore un jeu de caméra éblouissant, beaucoup de violence et de sexe, mais aussi de l’humour noir et une graine de folie. Très influencé par Hitchcock, il maitrise également le suspense et le jeu d’enquête, mais sa plus grande influence reste sa première : les contes du folklore européen que lui racontaient ses parents lorsqu’il était petit. Ses oeuvres principales sont Les Frissons de l’angoisse, réalisé avec précision et intelligence puis ce que l’on regroupe sous le nom de la Trilogie des Enfers : Suspiria, Inferno et La Troisième Mère. Au programme : de la magie, du sang, de l’horreur, des hurlements et du grand cinéma.

 

Boris Karloff (1887 – 1969)

Il est étrange de se dire que l’on reconnaitrait plus facilement quelqu’un avec une dose conséquente de maquillage sur le visage plutôt que sans rien du tout, mais c’est pourtant le cas avec Boris Karloff. L’un des géants des débuts du cinéma d’horreur avec Lugosi, Karloff est surtout connu pour son rôle en tant que monstre du docteur Frankenstein en 1931 puis dans La Fiancée de Frankenstein en 1935 et Le Fils de Frankenstein en 1939. Son apparence dans les films est maintenant indissociable du monstre de l’histoire. Son rôle devient si populaire et marque tellement les esprits que Frankenstein devient (à tort) le nom du monstre dans les mémoires de beaucoup de gens. Il devient Imhotep dans La Momie en 1932 et joue également dans le Scarface originel la même année. Impossible de résumer le reste de sa filmographie si ce n’est de dire qu’il a joué dans des dizaines et des dizaines de films de 1916 à sa mort, jouant des monstres, des scientifiques fous et des créatures mythologiques.

 

Wes Craven (1939 – 2015)

Deux énormes franchises du cinéma d’horreur viennent de lui et encore plus de films cultes qui ont inspiré toute une génération de cinéastes. Wes Craven se fait rapidement un nom et choque le public avec son premier film La Dernière Maison sur la gauche et enfonce le clou avec son deuxième : La Colline a des yeux. Deux films cultes, terrifiants à en cauchemarder, mais qu’on ne peut s’empêcher de regarder. Il faut attendre 1984 pour qu’il produise son film le plus populaire : Les Griffes de la nuit, où les spectateurs ont pu faire connaissance avec le personnage de Freddy Krueger et engendre une nouvelle branche du film d’horreur. Il réitère l’opération avec le célèbre Scream en 1996 qui tire davantage sur la satire et l’humour noir tout en vous glaçant le sang. On l’appelle parfois le maître de l’horreur avec John Carpenter, mais il est aussi le maître du renouveau, apportant des idées novatrices à chacune de ses grandes productions. Des films indispensables pour quiconque aime le cinéma.

 

Sir Christopher Lee (1922 – 2015)

Le maître du macabre. Plus de 250 films sur sa filmographie, une virtuosité innée pour le jeu d’acteur, une voix inoubliable, un charisme inégalable. Honnêtement, on pourrait encenser Christopher Lee sur des pages entières, non pas par nostalgie, mais par lucidité. Dans sa vie comme dans son travail : Christopher Lee était exceptionnel. Il est d’abord connu pour partager le titre du meilleur Dracula avec Lugosi suite à son interprétation du comte dans les films de la Hammer lors du deuxième âge d’or du film d’horreur, joue dans l’excellent Le Dieu d’osier en 1973 puis donne la réplique à James Bond dans L’Homme au pistolet d’or l’année suivante. Il enchaine films et collaborations dans les années 80 avant de stagner dans les années 90. Christopher Lee retrouve goût aux rôles de qualité suite à son apparition dans Sleepy Hollow en 1999. La suite, vous la connaissez certainement puisqu’il participe aux franchises les plus marquantes de notre époque : Le Seigneur des anneaux à partir de 2001 où il crève l’écran dans le rôle d’un autre méchant : Saruman. L’année suivante, il prend part à la plus grande franchise du cinéma en devenant le comte Dooku dans les épisodes II et III de Star Wars. C’est tout ? Non. Tous les grands cinéastes se l’arrachent : Tim Burton pour différents films dont Les Noces funèbres puis Martin Scorsese pour Hugo Cabret. Son chant du cygne sera la reprise du rôle de Saruman pour la trilogie The Hobbit où il apparait certes fatigué, mais toujours aussi sombre et charismatique. L’horreur et le cinéma lui doivent beaucoup puisqu’il a donné vie à des personnages importants de la culture mondiale tout au long de sa vie. Il est en grande partie responsable du second souffle qu’à connu le genre de l’horreur grâce à ses films des années 50 en commençant par Frankenstein s’est échappé puis Le Cauchemar de Dracula et La Malédiction des pharaons. Christopher Lee était unique et appartient maintenant à la légende.

 

John Carpenter (1967 – Présent)

Le deuxième maître de l’horreur. Il est vrai que c’est un cinéaste polyvalent qui touche à plus ou moins tous les genres (notamment avec New York 1997), mais il ne fait rien de mieux que le cinéma d’horreur. On découvre son talent pour le genre en 1978 avec le fameux Halloween, la nuit des masques (dans lequel Christopher Lee devait initialement jouer d’ailleurs) où Michael Myers et son terrible masque terrorisent le monde entier. Il donne de nouvelles lettres de noblesse au genre de l’horreur dans un style visuel stupéfiant et avec du suspense à vous faire retenir votre souffle. Le chef-d’oeuvre de sa carrière restera certainement The Thing et son extraterrestre décimant une équipe scientifique isolée en Antarctique (rien qu’une ligne résumant le film suffit à donner la chair de poule). Son coup de maître des années 90 est L’Antre de la folie où le réalisateur s’imbibe des techniques de Stephen King pour nous plonger dans une quête sur la création et la folie en pur hommage aux récits de Lovecraft. Quel que soit le genre, mais surtout avec l’horreur, John Carpenter est un maître de la mise en scène et du suspense qui est et restera l’un des cinéastes les plus importants du XXe siècle.

 

Vincent Price (1911 – 1993)

Le cinéma ne serait pas le même sans l’impact qu’a eu Vincent Price tout au long de sa vie. Ses films sont devenus cultes et sa voix est l’une des plus emblématiques du septième art. Si vous ne pensez pas être familier avec sa voix, détrompez-vous, car c’est bien Vincent Price que vous entendez dans la chanson Thriller de Michael Jackson. Il débute sa carrière dans le cinéma en 1938, mais intègre l’univers de l’horreur et de l’épouvante qu’au début des années 50 avec L’Homme au masque de cire, puis La Mouche noire (dont Cronenberg s’inspire pour La Mouche), La Nuit de tous les mystères ou encore Le Désosseur de cadavres. Dès lors, on le considère avec son ami Christopher Lee comme le digne successeur de Béla Lugosi et Boris Karloff. Sa carrière nous a donné des frissons pendant des décennies, interprétant des professeurs fous, des démons en tout genre et dans tous les cas, en provoquant l’effroi. Son charisme est tel qu’il a inspiré une multitude de réalisateurs à commencer une carrière dans le cinéma. On pense surtout à Tim Burton, pour lequel il jouera dans Edward aux mains d’argent pour son dernier grand rôle en 1990. Si Boris Karloff est le visage de l’horreur, Vincent Price en est la voix. De ses propres mots : « J’ai parfois le sentiment d’incarner la partie sombre de l’inconscient de toute la race humaine. Ça peut sembler tordu, mais j’adore ça ! » Et nous aussi.

 

Des décennies après les premiers pas du cinéma d’épouvante, le public est toujours attiré par les films d’horreur, avec leurs zombies, le comte Dracula ou le monstre de Frankenstein. Si c’est le cas, c’est avant tout grâce à ces artistes qui ont su transformer des oeuvres littéraires et interpréter la mythologie pour nous glacer le sang sur grand écran. L’histoire du cinéma se souviendra toujours d’eux et nous aussi ! Quel artiste du monde du cinéma incarne pour vous le genre de l’horreur ?

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