Le ver C. elegans (à droite) tentant d’échapper à P. pacificus (à gauche) — © Salk Institute

Alors que les scientifiques continuent d’approfondir leurs connaissances sur le cerveau, il peut être utile de connaître la quantité de matière cérébrale nécessaire à l’exécution de certaines fonctions. Il s’avère que quelques centaines de neurones suffisent pour prendre des décisions complexes.

Deux stratégies distinctes

Publiée dans la revue Current Biology, la nouvelle étude s’est penchée sur le ver prédateur Pristionchus pacificus. Plutôt que d’examiner les neurones et les connexions cellulaires à la recherche de signes de prise de décision, les chercheurs du Salk Institute se sont intéressés au comportement du nématode, et plus précisément à la façon dont il choisissait d’utiliser ses capacités de morsure lorsqu’il était confronté à différents types de menaces.

Lors d’expériences ayant impliqué le ver Caenorhabditis elegans, constituant à la fois une proie et un concurrent pour P. pacificus, le neurobiologiste Sreekanth Chalasani et ses collègues ont observé ce dernier adopter deux stratégies distinctes : mordre pour dévorer et mordre pour dissuader.

Si P. pacificus choisissait de mordre pour tuer lorsqu’il était confronté à des larves de C. elegans, plus faciles à maîtriser, le nématode avait tendance à effectuer cette même action afin de dissuader les adultes de s’approcher de sa source de nourriture ou de ses œufs, ce qui constitue la preuve d’un changement de stratégie et d’un choix délibéré, et pas uniquement de tentatives de prédation ratées.

— Leigh Prather / Shutterstock.com

Bien que nous soyons habitués à ce type de prise de décision chez les vertébrés, il n’existait jusqu’à présent pas de preuves formelles indiquant que les vers disposaient d’une quantité de matière grise suffisante pour peser le pour, le contre et les conséquences d’actions particulières de cette manière.

D’importantes implications

Il s’avère que P. pacificus possède seulement 302 neurones, contre quelque 86 milliards pour l’être humain, ce qui suggère que les principes fondamentaux de la prise de décision sont assez simples à coder, d’un point de vue biologique.

Une telle découverte pourrait notamment avoir des implications dans le domaine de l’intelligence artificielle, où il s’agira d’apprendre à un logiciel à prendre des décisions complexes avec le moins de programmation et de réseaux neuronaux possible.

Pour l’équipe, la prochaine étape consistera à déterminer dans quelle mesure cette prise de décision est ancrée dans le cerveau de P. pacificus et dans quelle mesure elle est flexible, ce qui pourrait potentiellement améliorer notre compréhension du processus de prise de décision chez des organismes plus complexes, incluant notre espèce.

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