Face à l’invasion du frelon asiatique, un nouvel espoir se profile dans le ciel : un rapace européen s’attaque désormais aux colonies de cet insecte redouté. Cette interaction naturelle pourrait devenir une arme précieuse pour réguler une espèce invasive.

Un prédateur naturel découvert : la bondrée apivore, discrète mais redoutable
Le frelon asiatique (Vespa velutina nigrithorax) inquiète depuis plus de quinze ans. Redoutable prédateur d’abeilles, il met en péril les ruches et déstabilise les écosystèmes.
Jusqu’à présent, aucun prédateur européen n’était connu pour s’attaquer à ses nids. Mais une étude espagnole réalisée en 2024 a observé un comportement inattendu chez un rapace : la bondrée apivore (Pernis apivorus).
Souvent confondue avec la buse variable, cette bondrée est un rapace diurne spécialisé dans la chasse aux insectes. Comme son nom l’indique, elle consomme les larves contenues dans les nids de guêpes, abeilles ou frelons.
Mieux encore, elle possède des adaptations impressionnantes : une tête recouverte de petites plumes dures formant un casque, des paupières épaisses et des narines étroites qui la protègent. Ces particularités, ainsi qu’une probable immunité au venin, lui permettent d’attaquer les nids sans craindre les piqûres.
Une stratégie saisonnière qui désorganise les colonies de frelons
Dans le nord de l’Espagne, des chercheurs ont suivi plusieurs couples de bondrées apivores. Ils ont constaté qu’elles avaient attaqué jusqu’à 60 nids de frelons asiatiques en une saison. Et ces assauts ne sont pas aléatoires : ils visent deux périodes cruciales de la vie du frelon.
Au printemps, à leur retour d’Afrique, les bondrées nichent alors que les reines frelons commencent à fonder leurs colonies. En automne, juste avant leur migration, elles ciblent les nids remplis de futures reines. En attaquant les colonies à ces moments stratégiques, elles provoquent la destruction partielle ou totale des nids, compromettant ainsi la reproduction et la survie de l’espèce invasive.
Un rôle de régulateur, pas d’exterminateur
Bien sûr, la bondrée apivore ne fera pas disparaître le frelon asiatique. Ses effectifs restent modestes, avec environ 20 000 couples en France. Mais cette prédation naturelle pourrait freiner la progression du frelon, à la manière de ce qui se passe en Asie, où un rapace proche joue un rôle similaire.
Pour les naturalistes comme Gilles Blanc, cette cohabitation constitue une véritable lueur d’espoir. Elle montre que la nature peut s’adapter face aux invasions biologiques. En préservant la bondrée et ses habitats, on renforce une solution naturelle, durable, et gratuite.
Protéger l’oiseau pour soutenir la lutte contre le frelon asiatique
La bondrée apivore migre chaque année vers l’Afrique pour passer l’hiver. Elle ne revient dans nos forêts qu’au printemps pour se reproduire jusqu’en septembre. Pour qu’elle puisse jouer pleinement son rôle, il devient crucial de protéger ses zones de nidification, ses forêts, ses corridors migratoires.
Les gestionnaires de la biodiversité, tout comme les apiculteurs, pourraient voir en cet oiseau un nouvel allié inattendu. Car soutenir la bondrée, c’est soutenir l’équilibre des écosystèmes. Et peut-être, à terme, retrouver un peu de répit face à un frelon qui n’avait, jusqu’ici, que trop peu d’adversaires.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Catégories: Sciences, Animaux & Végétaux
Votre image d’illustration montre un frelon européen ! C’est ballot…
Merci pour votre retour, et nous verrons pour le changer. Mais à cette instant nous n’avions pas l’image du bon freslon, mais nous ferons le changement.