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Le studio de jeux vidéo français, Ubisoft, est emporté par une vague de poignants témoignages #MeToo. Dénonciations d’agressions et de harcèlement sexuels : ces témoignages ont provoqué la suspension de plusieurs dirigeants à Paris et Montréal.

Ubisoft prise dans la tourmente #MeToo

La firme Ubisoft “est prise dans la tourmente #MeToo ayant emporté l’industrie du jeu vidéo depuis quelques jours, y compris ses studios de Montréal et de Toronto. La controverse est née au cours du week-end dernier [le week-end des 20 et 21 juin] avec la publication de messages montrant d’abord du doigt des joueurs et autres acteurs de l’industrie pour des gestes principalement survenus lors d’événements liés au jeu vidéo”, comme l’a rapporté La Presse. Plus tard, le 24 juin dernier, CTV News a rapporté à son tour qu’un des dirigeants d’Ubisoft à Montréal “aurait eu des comportements complètement inappropriés envers des femmes dans son entourage”.

Parmi les différents témoignages, Courrier International a partagé celui de Natasha Bouchard, ayant travaillé chez Ubisoft à Montréal de 1998 à 2009. Sur sa page Facebook, elle explique qu’un “employé des ressources humaines l’avait traitée de salope parce [qu’elle avait] refusé ses nombreuses invitations à dîner ! ; qu’un voisin de travail s’était masturbé devant [elle] et qu’un ancien collègue se souvenait de son passage à Ubisoft comme d’un repaire d’obsédés sexuels”.

Un milieu de travail particulièrement toxique pour les femmes

Des dizaines de messages relayés sur Twitter font état d’un milieu de travail “toxique” pour les femmes, et ce, à l’échelle du globe”, commente à son tour Le Journal de Montréal. Le témoignage d’une ancienne employée de Toronto qui rapporte avoir été victime d’un viol commis par un développeur en 2014 a également été rapporté par Le Devoir. Par ailleurs, Fey Vercuiel, ancienne employée à Sofia, en Bulgarie, a expliqué sur Twitter avoir entendu “des cadres dire qu’ils voulaient embaucher des femmes juste pour pouvoir avoir quelque chose à regarder”.

https://twitter.com/feymakes/status/1275514044171067394?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1275514044171067394%7Ctwgr%5E&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.courrierinternational.com%2Frevue-de-presse%2Fvu-du-canada-une-vague-metoo-deferle-sur-la-multinationale-du-jeu-video-ubisoft
« Donc, j’ai quelque chose à partager qui me dérange depuis très très longtemps et je pense que beaucoup de gens ici ont besoin d’entendre, et c’est mon expérience de travail pour Ubisoft Sofia. C’était mon premier travail dans l’industrie du jeu. La quantité de racisme, d’homophobie et de sexisme dont j’ai été témoin… »

Tout ça n’était qu’une question de temps. L’abcès vient d’être percé et c’est ce dont nous avions besoin”, a rapporté un développeur anonyme d’Ubisoft. D’autre part, face à ces témoignages, Ubisoft a lancé plusieurs enquêtes. Selon Bloomberg, plusieurs employés ont été suspendus, dont deux vice-présidents, l’un à Paris et l’autre à Montréal.  

D’autres firmes déjà visées

Selon Le Devoir, Ubisoft n’est pas la première firme à faire face à ce scandale. “Plusieurs studios de jeux vidéo, dont Ubisoft, un poids lourd de cette industrie, mais également Insomniac, Techland, Paradox Interactive ou Gato Studio sont ciblés par ces dénonciations qui incriminent d’anciens employés et des employés actuels de ces compagnies”, rapporte le journal. The Verge rapporte de surcroît des témoignages au sein de YouTube et Twitch.

C’est un problème qui vient régulièrement à la surface dans ce milieu très masculin. Il est possible qu’aujourd’hui, la vague qui vient de frapper cette industrie fasse apparaître un mouvement plus durable et possiblement porteur de changement”, alerte finalement la spécialiste du sexisme dans l’univers des jeux vidéo à l’université de Montréal, Pascale Thériault. 

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