Dans les eaux des Bahamas, un chapitre oublié de l’histoire maritime ressurgit avec la redécouverte de l’épave du Nuestra Señora de las Maravillas. Ce galion espagnol du XVIIe siècle, englouti depuis des siècles, était considéré comme entièrement pillé. Cependant, de récentes explorations ont révélé une réalité bien différente : des trésors éparpillés sur 4,8 kilomètres. Les recherches, publiées dans un rapport d’Ocean Dispatches, ont également permis de faire la lumière sur l’origine des objets et le démantèlement du galion.
L’histoire du galion espagnol
Le Nuestra Señora de las Maravillas (littéralement « Notre-Dame des merveilles »), un majestueux navire de l’âge d’or espagnol, a connu un destin tragique dans la nuit du 4 janvier 1656. Alors qu’il naviguait vers Cadix, en Espagne, avec environ 650 personnes à bord, le navire a heurté un récif après avoir été éperonné par son navire amiral, précipitant sa chute dans les profondeurs des Bahamas. Ce naufrage n’était pas seulement une perte humaine dévastatrice ; il représentait également la disparition d’une cargaison extraordinaire.
Le Maravillas transportait une fortune en trésors, y compris des objets de contrebande et des biens précieux récupérés d’un autre galion perdu près de l’Équateur. Selon Sean Kingsley, rédacteur en chef de Wreckwatch Magazine, c’était l’un des plus riches trésors jamais perdus en mer lorsqu’il a coulé. La richesse du Maravillas était symptomatique des tensions politiques et économiques de l’époque. L’Espagne, qui connaissait alors un déclin rapide en 1656, était en proie à des problèmes de corruption et de gestion inefficace.
Après son naufrage, le galion a été largement pillé, d’abord par des sauveteurs espagnols, puis par un certain nombre de missions composées de marins venus des Amériques et d’Europe. Entre 1656 et 1683, l’épave a subi au moins 21 expéditions, récupérant des pièces de monnaie, des lingots d’argent et de l’argent travaillé. Et de 1972 à 1991, des équipes modernes ont extrait de nombreuses richesses. Ils ont retiré trente tonnes de lingots d’or, de pièces de monnaie, de pépites d’argent, de pierres précieuses, d’émeraudes, d’ancres en fer et de canons, entre autres trésors.
La redécouverte et l’exploration de l’épave
Selon un communiqué du fondateur d’Allen Exploration, l’entrepreneur, philanthrope et explorateur américain Carl Allen, de nombreux experts pensent que les précédentes tentatives de récupération du navire l’ont asséché. Contredisant la croyance que le Maravillas avait été complètement pillé, l’équipe d’Allen Exploration (AllenX) a entamé une série de plongées méticuleuses. Cette initiative a mené à la cartographie de l’épave dispersée sur une zone étendue.
Les relevés effectués par AllenX depuis 2019 ont identifié environ 8 800 cibles d’intérêt culturel potentiel grâce à un magnétomètre. Cette technologie, pilotée par l’expert Dan Porter et son équipe, a permis de distinguer des anomalies magnétiques indiquant la présence d’artefacts. Leurs efforts ont abouti à la découverte d’un champ d’artefacts s’étendant sur plus de 4,8 kilomètres.
L’équipage a découvert, cachés sous le sable et les vagues, divers éléments du navire, dont deux canons pivotants en fer, des pierres de lest et des gréements en fer. Ils ont notamment découvert des armes à feu, environ 800 balles de mousquet en plomb, près de 11 000 morceaux de jarres à olives, près de 3 000 pièces d’argent, des émeraudes et des améthystes. Chaque découverte a été minutieusement cartographiée.
Un trésor historique et culturel révélé
Parmi les découvertes les plus notables, l’équipe a mis au jour des objets uniques. Il s’agit de pendentifs en or et en pierres précieuses destinés aux chevaliers de l’ordre de Santiago (une organisation militaro-religieuse chrétienne créée en Espagne au XIIe siècle), et d’une chaîne en or fabriquée à Manille, aux Philippines. Ces objets appartenaient très probablement à des membres du personnel de haut rang à bord du navire.
Jim Sinclair, l’archéologue en chef du projet, souligne que les richesses découvertes par AllenX ont été réparties sur les cinq mois précédant le début des opérations de sauvetage espagnoles en juin 1656. Ces objets de valeur auraient également été remontés s’ils étaient restés sur l’épave principale lors de la découverte.
AllenX pense que la traînée de débris entre janvier et juin 1656 pourrait avoir été causée par des tempêtes. En outre, le groupe a également développé un modèle pour relier les objets engloutis à leur emplacement original il y a 367 ans sur le navire. Kingsley a conclu que le Maravillas, longtemps négligé par les sauveteurs précédents, a finalement trouvé sa place légitime dans l’histoire grâce aux efforts d’AllenX.