Nous avons souvent l’habitude de dire que nous avons la migraine lorsque nous souffrons de maux de tête intenses. Pourtant, ce mot est la plupart du temps employé à tort puisque la migraine est une véritable maladie chronique, dont les symptômes sont définis très précisément par l’International Headache Society (Société internationale du mal de tête).
La migraine, une maladie chronique touchant près de 12 % de la population adulte mondiale
Le diagnostic de la migraine se pose uniquement de façon clinique, et se base sur l’expérience de céphalées évoluant par crises. Ces maux de tête sont souvent unilatéraux et pulsatiles et peuvent durer jusqu’à soixante-douze heures en l’absence de traitement. Mais ils s’accompagnent également d’autres symptômes comme les nausées, les vomissements, la sensibilité accrue à la lumière et au bruit.
La migraine est très fréquente, elle touche entre 10 % et 12 % de la population adulte mondiale, et 5 à 10 % des enfants. Les 3/4 des personnes touchées sont des femmes, et 20 % d’entre elles en souffriraient. Elle est l’une des pathologies parmi les plus invalidantes, comme le prouve le témoignage de nombreux malades obligés d’aménager leur vie en fonction de ce “handicap” : ils ne peuvent ni sortir ni travailler comme ils le souhaitent, en raison de douleurs trop intenses. En effet, « la migraine est la maladie neurologique la plus fréquente dans le monde, et la deuxième cause d’invalidité, si l’on prend en compte le temps vécu avec la maladie », nous indique le docteur Jérome Mawet, neurologue à l’hopital Lariboisière. En France, entre 20 et 30 millions de journées de travail seraient perdues chaque année à cause de la migraine.
Dans la majorité des cas, les médecins proposent de soulager les crises de migraine au moyen d’anti-inflammatoires non stéroïdiens ou de triptans (médicaments très puissants aux nombreux effets secondaires), et cela suffit. Mais lorsque les migraines infligent des douleurs trop régulières et trop intenses aux malades, on leur propose un traitement de fond. Ce traitement passe cependant par un grand nombre de médicaments, contraignant les patients à une surconsommation de ces derniers, ce qui altère leur qualité de vie. Pour contrer les effets de la migraine, le neurologue Jérome Mawet met en valeur les conséquences positives d’une hygiène de vie convenable (sommeil, sport, gestion du stress…) et la nécessité d’éviter les facteurs favorisant la migraine, qui peuvent changer d’un patient à l’autre.
LE CGRP à l’origine de la migraine
Aucun médicament véritablement apaisant ni efficace n’avait donc jamais été trouvé pour soigner la migraine de façon viable, car jusqu’à maintenant le soulagement était obtenu au prix de l’altération de la qualité de vie. Mais depuis quelques mois, un nouveau médicament préventif provenant des Etats-Unis se diffuserait et améliorerait considérablement la qualité de vie des personnes souffrant de cette pathologie.
Ce nouveau remède se base sur un médicament bloquant la sécrétion du CGRP, une petite protéine composée de 37 acides aminés. En effet, le CGRP est sécrété dans toutes les situations de danger et a deux effets principaux : il va soit stimuler les nocicepteurs, ce qui va engendrer une douleur, soit entraîner une vasodilatation, favorisant une réaction inflammatoire de défense, comme l’explique le docteur Lantari-Minet. Le problème pour une personne qui souffre de migraines est que cette réaction est excessive, puisque son cerveau est ultra-sensible aux changements d’états. Les menstruations, de fortes émotions, ou tout simplement une variation dans la pression atmosphérique peuvent provoquer la migraine. Dans ces moments-là, du CGRP est libéré au niveau du système trigémino-vasculaire (un des dispositifs assurant le tonus neurovasculaire), ce qui engendre une stimulation des récepteurs à la douleur, mais surtout une inflammation au niveau des méninges, protectrices du système nerveux central.
Cette lutte contre le CGRP pourrait donc bien bouleverser la façon dont on soigne les migraines sévères. « Jusqu’à présent, on prescrivait des antihypertenseurs chez des personnes sans hypertension artérielle ; des antiépileptiques chez des non-épileptiques ; des antidépresseurs chez des non-déprimés… Avec les anti-CGRP, on va enfin disposer de traitements de fond spécifiques contre la migraine », résume Anne Ducros, professeure de neurologie au CHU de Montpellier et présidente de la Société française d’études des migraines et céphalées. ll est important de souligner qu’il aura fallu plus de trente-cinq ans depuis la découverte du CGRP pour que se développent les premiers antimigraineux bloquant ce neuropeptide.
L’AIMOVIG, une solution miracle face aux migraines ?
Ce nouveau traitement miracle exige des injections mensuelles sous-cutanées du médicament Aimovig (ou Erenumab, produit par le laboratoire Novartis). Ce médicament permet la diffusion d’anticorps monoclonaux bloquant la sécrétion du CGRP. Depuis 2018, on le trouve sur le marché aux Etats-Unis et en Europe, mais il n’est pas encore disponible en France. Son prix reste encore à déterminer.
Les essais cliniques ont montré que les anticorps monoclonaux anti-CGRP avaient été efficaces chez environ 50 % des patients. Chez les patients les plus difficiles à traiter, c’est-à-dire ceux qui ne parviennent pas à guérir malgré plusieurs traitements de fond, une réduction de moitié du nombre de jours de migraine est tout de même observée dans 30 % à 40 % des cas, et même de 70 % chez un patient sur cinq.
Les neurologues français sont inquiets. En effet, ils ne savent pas quand ce traitement sera enfin mis à disposition de leurs patients, ni même s’il sera remboursé par l’Assurance maladie. Pour l’instant, l’Erenumab (Aimovig) est autorisé en Europe pour les patients avec au moins quatre jours de migraine par mois. Il est déjà passé devant la commission de la transparence de la Haute Autorité de santé, et son avis concernant ce médicament est assez implacable. Selon cette dernière, il aurait un « intérêt clinique modéré uniquement chez les patients atteints de migraine sévère avec au moins huit jours de migraine par mois, en échec à au moins deux traitements (…) » et un « intérêt clinique insuffisant en l’absence de données pertinentes pour justifier son remboursement chez les autres patients migraineux ». Pour les neurologues, cette déclaration signifie que le médicament ne sera probablement pris en charge que chez une faible proportion de malades.
Selon le docteur Mawet, « la migraine est la maladie neurologique la plus fréquente dans le monde« . Il est vrai que, pendant très longtemps, les médecins auraient jugé cette maladie comme « peu sérieuse », ce qui était corroboré par le fait que les femmes en étaient le plus victimes. Ces considérations peuvent donc expliquer pourquoi on a mis si longtemps à trouver un remède.
Par Jeanne Gosselin, le
Source: Le Monde
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Les anticorps monoclonaux anti-CGRP dont l’Aimovig peuvent effectivement apporter une amélioration conséquente pour certains migraineux. Cependant ils ne permettent pas d’obtenir une guérison et leur coût (6000€ par an et par migraineux) met le jour de migraine évité à plus 150€.
Il est pourtant possible de guérir définitivement de la maladie migraineuse si on en comprend le mécanisme, sans médicaments (ou presque), sans régime, sans l’aide d’un thérapeute quel qu’il soit et pour un coût inférieur à celui d’une simple consultation. Tout cela est expliqué dans « Bye Bye Migraine » et je reçois régulièrement des témoignages de remerciements de migraineux guéris grâce à ce que je préconise.
Docteur Jean-Pierre CHAUDOT