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L’identification d’une molécule mortelle pour la bactérie responsable de la maladie de Lyme, mais inoffensive pour les animaux en étant porteurs, pourrait conduire à son éradication pure et simple.

Une molécule puissante et sûre

La maladie de Lyme est causée par une bactérie appelée Borrelia burgdorferi, que l’on retrouve chez les souris sauvages. Les tiques se nourrissant du sang des rongeurs se trouvent infectées et peuvent alors contaminer d’autres animaux, y compris l’Homme. Provoquant d’abord une éruption cutanée caractéristique en forme d’œil de bœuf accompagnée d’un syndrome pseudo-grippal, elle peut entraîner de graves problèmes de santé (comme l’arthrite de Lyme) si elle n’est pas traitée rapidement.

Actuellement, son traitement implique la prise d’antibiotiques tels que la doxycycline, qui tuent un large éventail de bactéries, mais perturbent le microbiote intestinal, provoquant des symptômes tels que la diarrhée, et favorisent l’antibiorésistance.

Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Cell, Kim Lewis et ses collègues de la Northeastern University de Boston ont découvert qu’une molécule particulièrement sûre, appelée hygromycine A, se révélait létale pour les bactéries spirochètes telles que B. burgdorferi. « Leur forme en tire-bouchon leur permet de se glisser profondément dans les tissus », a expliqué la chercheuse. « Ce sont des agents pathogènes assez vicieux. »

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Aucun effet nocif n’ayant été observé lors des tests réalisés sur les animaux (quel que soit le dosage utilisé), les premiers essais cliniques pourraient démarrer rapidement. Selon les chercheurs, l’hygromycine pourrait également être utilisée comme traitement de la syphilis, infection bactérienne développant une résistance aux antibiotiques standards.

Des appâts à base d’hygromycine pour éradiquer la maladie de Lyme

En outre, l’équipe de Lewis a montré que le fait de nourrir des souris avec des aliments contenant de l’hygromycine permettait d’éliminer les infections à B. burgdorferi. En théorie, effectuer d’importants lâchers d’appâts pourrait éradiquer la maladie de Lyme de vastes zones, voire de pays entiers.

Si un essai réalisé il y a dix ans avec des appâts à base de doxycycline avait été couronné de succès, son utilisation généralisée à cette fin n’est pas souhaitable car elle pourrait conduire de nombreux microbes à développer une résistance aux antibiotiques.

Ce qui n’est pas le cas pour le tandem B. burgdorferi/hygromycine : la molécule ressemble à des nutriments essentiels que les spirochètes ne peuvent pas fabriquer eux-mêmes et qu’ils absorbent à l’aide d’un transporteur spécifique, de sorte que les mutations qui bloquent l’absorption de l’hygromycine priveraient également les spirochètes de ces nutriments.

Une option plus souhaitable

Lewis a expliqué que son équipe n’était pas la première à se pencher sur l’hygromycine. Cette dernière ayant été étudiée comme traitement potentiel d’une maladie porcine dans les années 1980, puis rapidement abandonnée.

Bien que des vaccins contre la maladie de Lyme soient également en cours de développement, l’éradication de la maladie serait évidemment une option bien plus souhaitable.

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