Dans le vaste domaine de la pharmacopée de la nature, l’une des substances les plus intrigantes provient d’une source sans prétention : Phyllomedusa bicolor, également appelée grenouille kambo. Ce petit amphibien sécrète une puissante toxine qui suscite actuellement beaucoup d’attention. Que faut-il savoir sur cette toxine ?
Le kambo : une substance et un rituel originaires du bassin amazonien
La grenouille kambo, scientifiquement connue sous le nom de Phyllomedusa bicolor, est un petit amphibien originaire de la forêt amazonienne, en Amérique du Sud. Aussi appelée reinette singe, elle est connue pour sa coloration verte vibrante et sa grande taille par rapport aux autres grenouilles arboricoles. Si cette petite grenouille se distingue ainsi par certaines de ses caractéristiques physiques, elle est surtout connue pour la toxine cutanée qu’elle sécrète. La grenouille libère cette sécrétion blanche et cireuse lorsqu’elle se sent menacée.
Depuis des siècles, des tribus indigènes du bassin amazonien récoltent cette toxine pour en faire un produit dérivé appelé kambo. Ainsi, le kambo – également appelé vacina-do-sapo ou sapo (« sapo » pouvant se traduire par « grenouille » en espagnol) – est une substance dérivée des sécrétions cutanées de la reinette singe qui contient un cocktail complexe de peptides bioactifs, qui sont de petites chaînes d’acides aminés pouvant avoir des effets physiologiques sur le corps humain.
Le terme « kambo » désigne également les rituels traditionnels des tribus indigènes du bassin amazonien qui utilisent la toxine de la grenouille kambo pour purifier le corps et traiter divers problèmes de santé. Pour utiliser cette substance, les chamans et autres guérisseurs des tribus capturent les grenouilles, puis grattent la sécrétion de leur peau. Ensuite, ils laissent sécher la sécrétion, pour ensuite la reconstituer avec de l’eau ou de la salive avant de l’appliquer sur de petites brûlures ou des incisions pratiquées à la surface de la peau.
Quels sont les effets du kambo sur l’organisme ?
Selon les croyances traditionnelles de ces tribus, le kambo a des propriétés extraordinaires, permettant notamment d’augmenter l’endurance, de guérir de nombreux maux et maladies physiques, mais aussi de porter chance. De nos jours, certains partisans du kambo – qui vivent essentiellement au Brésil, au Venezuela et au Pérou – continuent d’utiliser le kambo, croyant notamment que ce produit peut guérir diverses affections graves comme le cancer, la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson, la douleur chronique, la dépression et l’anxiété.
Mais, quels que soient les arguments des partisans du kambo, le fait est qu’il n’existe à ce jour aucune preuve scientifique qui indique que ce produit puisse avoir ces effets. D’ailleurs, la recherche scientifique dit généralement le contraire, et désigne le kambo comme un poison. Si les scientifiques ont constaté que le kambo pouvait effectivement stimuler le système immunitaire, le système cardiovasculaire et le système gastro-intestinal, rien n’indique que cela aboutit finalement à des effets positifs sur l’organisme.
Durant la pratique des rituels de nettoyage du kambo, on ressent d’ailleurs divers symptômes généralement désagréables, comme une augmentation du rythme cardiaque, de la pression artérielle et de la transpiration, des douleurs abdominales, des vomissements, des étourdissements, des coups de chaleur et un malaise général. Bien que les effets intenses et inquiétants du kambo soient temporaires, il peut arriver que l’expérience tourne mal. Il existe des cas documentés de décès causés par la pratique du rituel kambo.
Ainsi, avec cette substance, il est préférable de faire preuve d’énormément de prudence, surtout face à sa popularité croissante et aux arguments vendeurs de ses partisans. Il faut également se rappeler que le kambo est classé comme étant une substance illicite dans de nombreuses régions du monde.
« sapo » ne veut pas dire grenouille mais « crapeau ».