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Des signes précoces d’autisme : voici ce qu’une nouvelle étude révolutionnaire a pu révéler au grand jour. Explications.

Des signes précoces d’autisme

Les troubles autistiques affectent la communication, les aptitudes motrices et sociales d’une personne. Par le passé, les spécialistes ont déjà montré que l’autisme, ses causes et les changements dans le cerveau apparaissent bien avant la naissance. Toutefois, dans une toute nouvelle étude, une intervention chez des nourrissons présentant des signes précoces d’autisme a permis de réduire les diagnostics cliniques de… deux tiers !

Les diagnostics en question s’appuient sur des critères détaillés dans le DSM-5 de l’American Psychiatric Association : des déficits persistants dans les interactions sociales, l’absence d’intérêt pour les amis, des discours répétitifs, des réactions extrêmes ou inhabituelles aux stimuli et des émotions réciproques.

Comme l’a expliqué l’un des auteurs de l’étude, « ces résultats sont la première preuve qu’une intervention préventive pendant la petite enfance pourrait conduire à une amélioration si significative du développement social des enfants qu’ils sont alors tombés en dessous du seuil pour un diagnostic clinique d’autisme ».

Et l’auteur poursuit : « De nombreuses thérapies pour l’autisme ont déjà essayé de remplacer les différences de développement par des comportements plus ‘typiques’. En revanche, iBASIS-VIPP fonctionne avec les différences uniques de chaque enfant et crée un environnement social autour de l’enfant qui l’aide à apprendre d’une manière qui lui convient le mieux. »

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Une thérapie à médiation parentale

L’interaction iBASIS-vidéo évoquée plus haut a pour objectif de promouvoir la parentalité positive. Il s’agit de surcroît de ce que l’équipe appelle une « thérapie à médiation parentale« . Il ne s’agit en aucun cas d’un remède contre l’autisme mais, au contraire, d’une approche ayant pour but de « réduire l’invalidité à long terme » des troubles autistiques.

Habituellement, le diagnostic peut être établi à partir de deux ans environ. Néanmoins, des signes peuvent également survenir plus tôt : la fuite du contact visuel ou encore l’emploi de moins de mots que les autres. Ces premiers symptômes intéressent plus particulièrement les chercheurs, puisque apporter de légers changements dès le début pourrait amener à des résultats de développement largement meilleurs par la suite.

Pour ce faire, les spécialistes ont suivi 103 nourrissons âgés de neuf mois à trois ans présentant des troubles autistiques. Cinquante d’entre eux ont reçu iBASIS-VIPP, un traitement qui enseigne aux parents à changer leur façon d’interagir avec leurs bébés afin de stimuler leur développement socio-communicatif. Les 53 autres ont reçu des soins normaux.

Les résultats obtenus ont été impressionnants : parmi ceux qui avaient reçu le traitement, seuls trois des 45 participants qui ont de nouveau été testés à l’âge de trois ans ont atteint le seuil clinique leur permettant de recevoir un diagnostic d’autisme, contre neuf des 45 ayant reçu des soins normaux. Cela représente donc une différence de deux tiers.

« C’est un peu un saint Graal dans le domaine de la santé des enfants », a expliqué à l’Australian Broadcasting Corporation Andrew Whitehouse, premier auteur de l’étude et chercheur au Telethon Kids Institute. « Ce que nous avons trouvé, c’est la possibilité de fournir un nouveau modèle clinique, d’identifier les enfants le plus tôt possible dans la vie et de fournir une intervention de soutien pour les aider à être ce qu’ils veulent être. Nous pouvons en fait réduire les critères cliniques de l’autisme des deux tiers », a-t-il ajouté.

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Des recherches qui doivent tout de même être approfondies

Si cette découverte est révolutionnaire, les recherches doivent tout de même être approfondies. En effet, il faut tout d’abord préciser que les enfants n’avaient que jusqu’à trois ans. Bien qu’il s’agisse de l’âge limite pour le diagnostic clinique des troubles autistiques, il peut toujours être possible que les symptômes de certains d’entre eux évoluent ou apparaissent plus tardivement.

Par ailleurs, recevoir un diagnostic clinique est à l’heure actuelle une étape très importante vers l’accès à un traitement. Même si ces enfants ne correspondent plus à un diagnostic s’appuyant sur le DSM-5, ils pourraient toujours avoir besoin d’une aide supplémentaire en grandissant.

Enfin, il est primordial de s’assurer que le travail dans ce secteur se base bien sur l’amélioration de l’accessibilité de la compréhension envers les personnes touchées par la maladie, plutôt que d’éradiquer un handicap ou un autre diagnostic.

« L’autisme n’est pas une maladie et n’est pas quelque chose qui devrait être guéri ou atténué, alors la façon dont cette étude a évalué l’impact de l’intervention sur la ‘sévérité du comportement autistique’ peut inquiéter de nombreuses personnes autistes et leurs familles. Il y a des points techniques solides dans cette recherche, mais il y aura des questions sur son principe général … Il est important que toute étude plus approfondie sur l’intervention très précoce ne cherche pas à réduire la ‘sévérité’ – l’intervention précoce devrait viser à soutenir les personnes autistes avec les plus grands défis auxquels elles sont confrontées. Pour que des recherches efficaces soient menées dans ce domaine à l’avenir, les personnes autistes doivent être impliquées à chaque étape », a précisé Tim Nicholls, porte-parole de la National Autistic Society du Royaume-Uni.

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