Une grande partie de la planète reste encore inexplorée et les scientifiques continuent ainsi à faire des découvertes naturelles extraordinaires partout dans le monde. L’une de ces découvertes a récemment été faite au Japon sous la forme de structures complexes de terriers qui abritent des animaux abyssaux des plus mystérieux.
Les mystères de la fosse du Japon
La fosse du Japon est une fosse océanique faisant partie de la ceinture de feu du Pacifique. Localisée au nord-est du Japon, la fosse s’étend des îles Kouriles à l’extrémité nord des îles Izu. À son point le plus profond, la fosse atteint plus de 8 000 mètres de profondeur. Comme les autres fosses océaniques de la planète, la fosse du Japon est largement inexplorée, et cela s’explique par le fait que les conditions de vie y sont extrêmement difficiles. Cela ne signifie cependant pas que la fosse du Japon est inhabitée. En fait, cet endroit abrite même certaines des espèces animales les plus intéressantes de la planète.
Ces créatures des grands fonds ont un impact important sur la géologie marine. Dans une récente étude, des chercheurs du Service géologique de Finlande ont découvert que certains de ces animaux creusent de vastes structures terrestres dans les fonds marins de la fosse du Japon. Plus précisément, d’après les résultats de l’étude publiée dans la revue Nature Communications, des créatures des profondeurs creusent de terriers et des tunnels complexes en forme de tire-bouchon dans les sédiments de la fosse.

Finalement, les profondeurs des fosses océaniques ne sont pas stériles
Pour faire cette incroyable découverte, les scientifiques ont analysé 20 carottes de sédiments prélevées à 7 500 mètres de profondeur dans la fosse du Japon. Ils ont également utilisé une technologie avancée de balayage aux rayons X pour examiner la structure des sédiments. C’est ce qui leur a permis de découvrir le réseau de structures de terriers et de tunnels, ainsi que la présence d’un éventail surprenant de créatures des profondeurs, notamment des organismes ressemblant à des vers et des concombres de mer qui sont à l’origine des structures creusées dans les sédiments de la fosse.
Les scientifiques y ont également découvert des poissons des grands fonds, des gastéropodes, des holothuries, des polychètes, des bivalves, des isopodes, des actinies et des amphipodes. Les chercheurs ont été grandement étonnés par cette découverte dans la mesure où l’on pensait auparavant que la zone hadale de l’océan (la zone située entre 6 et 11 kilomètres sous la surface de l’océan) était largement stérile. Cette étude montre que ce n’est pas du tout le cas et que, malgré la pression extrême, le froid et la pénurie de nourriture, la vie dans la fosse du Japon est non seulement présente, mais remarquablement diversifiée et prospère.
C’était d’autant plus étonnant, dans la mesure où les plaines abyssales environnantes sont quasiment désertes, avec très peu de diversité et de biomasse. Quant à savoir comment la vie a pu se développer dans la zone hadale de la fosse du Japon, les chercheurs ont montré que ce sont des apports réguliers de sédiments provenant des parties supérieures de la fosse qui permettent la survie et la régénération des communautés animales et microbiennes qui y vivent. Ces sédiments sont relativement riches en nutriments et oxygénés, permettant ainsi aux créatures du fond de la fosse de se sustenter correctement. Par ailleurs, on connait enfin l’origine des mystérieux gémissements provenant de la fosse des Mariannes.