Considérée comme l’une des figures emblématiques de la littérature de science-fiction, Ursula K. Le Guin s’est d’abord fait connaître dans les années 60 avec le Cycle de Terremer. On y suit le parcours d’un garçon du nom de Ged, destiné à devenir un grand sorcier. Remarqué pour son potentiel, il sera emporté et entraîné par un grand magicien avant de rejoindre une école de sorciers. Une oeuvre culte qui a inspiré des centaines d’auteurs dans les décennies suivantes.

 

Ursula Kroeber Le Guin est née le 21 octobre 1929 en Californie d’un père anthropologue et d’une mère écrivain. Naturellement, elle se plonge dans les livres rapidement et écrit sa première histoire pour l’envoyer à un magazine de science-fiction à l’âge de onze ans. Elle étudie à New York puis déménage à Paris où elle achève ses études avec une thèse littéraire. C’est aussi en France qu’elle rencontre son futur mari, Charles Le Guin. Elle poursuit l’écriture depuis toujours, mais il faut attendre 1966 pour Le Monde de Rocannon, son premier roman. Depuis, elle a gagné dix-neuf Locus, six Nebula et cinq Hugo en plus du Grand Master Award par le Fantasy Writers of America.

 

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Si son travail est si célèbre, ce n’est pas pour rien. Le Guin fut influencée par les meilleurs de son époque, Tolkien et Dick en passant par Sturgeon et Smith. Pour construire sa propre identité, elle puise aussi beaucoup dans la mythologie nordique et le taoïsme. Elle est connue pour construire des mondes cohérents et pertinents d’un point de vue anthropologique et sociologique. Un héritage sans doute glané de son père. Le Guin s’écarte des grandes batailles épiques pour davantage parler de la condition humaine, en pleine tradition faulknérienne.

Son chef-d’oeuvre, le Cycle de Terremer, fera certainement penser à une autre série bien plus récente : Harry Potter. Mais l’idée d’un apprenti sorcier rejoignant une école pour y développer ses capacités précède J. K. Rowling de trente ans et cela commence non pas avec un roman, mais avec deux nouvelles en 1964 : Le Mot de déliement et La Règle des noms. Elle y pose les bases du monde de Terremer où se déroulera l’intégralité du cycle dans une série d’îles faisant partie d’un archipel géant. Avec le premier roman, Le Sorcier de Terremer, le lecteur fait la connaissance de Ged, un jeune forgeron qui, avec quelques bases de magie, parvient à sauver son village d’un raid de pillards.

 

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Il devient ensuite l’apprenti du grand magicien Ogion avant de pouvoir intégrer l’école de Roke pour y apprendre la sorcellerie. Destiné à devenir dans le troisième roman l’archimage de l’école et le plus grand sorcier de son monde, son parcours commence plus difficilement malgré son talent naturel pour la magie. Car c’est durant sa formation qu’il libère l’Ombre dont le seul but est de le tuer. Et l’Ombre a une arme infaillible : elle connaît le véritable nom de Ged. On entre ici dans une autre grande tradition de la fantasy, celles des vrais noms. Une tradition qui a commencé dans l’imagination de Le Guin et qui parsème encore le monde littéraire de nos jours avec des auteurs comme Patrick Rothfuss.

Le fait de connaître le vrai nom des êtres vivants et de toute chose confère un pouvoir incroyable sur elles. C’est la base de tout le système magique du cycle de Terremer. Le Langage de la Création qui explique la mythologie et la création de Terremer est au coeur du concept. Certaines personnes naissent avec le don de reconnaître le véritable nom des choses et peuvent ainsi transformer la chose, la lier à autre chose ou la détruire. Il faut ensuite pratiquer l’art de la sorcellerie pour développer son talent, mais aussi son sens de l’équilibre, car toute magie entraîne un déséquilibre qu’il faut ensuite rétablir. Une vision du yin et du yang mélangé à l’alchimie européenne et qui donne vie à une série qu’il ne faut manquer pour rien au monde.

 

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Ged est un personnage captivant, car chacune de ses actions influence directement la direction de la narration. Au-delà des nombreuses batailles qu’il va devoir surmonter avant de devenir le plus grand sorcier de Terremer, il doit avant tout faire face et affronter ses propres démons. Le Cycle de Terremer nous plonge dans un monde fantastique, mais nous fait surtout voyager dans le coeur humain. Un voyage initiatique pour le héros qui deviendra inoubliable pour le lecteur.

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