Ayant joué un rôle majeur dans de nombreuses découvertes astronomiques pendant plus d’un demi-siècle, le télescope d’Arecibo s’est effondré ce mardi. Installé sur l’île de Porto Rico, celui-ci était l’un des plus grands radiotélescopes au monde.
« C’est un désastre absolu »
Suite à la rupture d’un câble auxiliaire en août dernier, ayant laissé une entaille de 30 mètres sur la gigantesque parabole du radiotélescope (305 mètres de diamètre) et endommagé la plateforme suspendue abritant ses instruments, la Fondation nationale des sciences des États-Unis avait annoncé la fermeture de l’observatoire d’Arecibo. Le 6 novembre, un second câble cédait, avant que la plate-forme de réception de 900 tonnes ne s’effondre sur sa parabole, située 120 mètres plus bas, le 1er décembre.
Construit dans les années 1960, le télescope d’Arecibo avait été financé par le ministère américain de la Défense dans le cadre d’une campagne de développement des défenses anti-missiles balistiques. En 57 ans de service, celui-ci avait été exposé à une forte humidité tropicale, et frappé par des ouragans ainsi que des tremblements de terre.
« C’est un désastre absolu », a déclaré le professeur Abel Méndez, de l’université de Porto Rico. « Nombre d’étudiants se formaient à l’astronomie dans l’observatoire, c’est ce qui leur donne l’inspiration de faire une carrière en sciences ou en astronomie, comme moi. La perte d’Arecibo est une grande perte pour le monde, mais encore plus pour Porto Rico. C’est une icône de notre île. »
Une riche carrière
Au cours de sa prolifique carrière, le dispositif avait notamment permis de détecter le premier pulsar binaire (1974), fourni la première image d’un astéroïde (1989), révélé la présence de glace aux pôles de Mercure (1992) ainsi que l’existence des premières exoplanètes (1993) et capté les premiers sursauts radio rapides répétés (2016).
Le radiotélescope était également utilisé pour suivre des astéroïdes susceptibles d’entrer en collision avec la Terre, déterminer si une planète était potentiellement habitable, ainsi que pour la recherche d’hydrogène neutre (pouvant révéler comment certaines structures cosmiques se forment). Attirant environ 90 000 visiteurs chaque année, le site abrite par ailleurs une installation Lidar, dédiée à l’étude de la haute atmosphère et de la couverture nuageuse, qui devrait continuer à fonctionner.
Arecibo avait également été mis à l’honneur au cinéma. Une scène d’action du film 007 : GoldenEye (1995) s’était déroulée au-dessus du télescope, tandis qu’une astronome jouée par Jodie Foster utilisait l’observatoire pour tenter d’identifier des signaux extra-terrestres dans Contact (1997).
Par Yann Contegat, le
Source: The Guardian
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