Que donne-t-on réellement à manger aux tout-petits ? L’Anses s’est penchée sur la question. Son enquête d’une ampleur sans précédent révèle la présence de neuf polluants dans les aliments destinés aux enfants de moins de trois ans.
Lait en poudre, petits pots, biscuits… L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a analysé pendant six ans la présence de plus de 500 contaminants dans l’alimentation type des enfants âgés de moins de trois ans. Et les résultats publiés mercredi 28 septembre sont préoccupants. Neuf polluants dont des métaux lourds et des PCB y ont été trouvés à des doses pouvant représenter un risque sanitaire.
Pour 97% des substances évaluées, l’Anses se veut rassurante : « le risque peut être écarté ». Mais en ce qui concerne le plomb, l’arsenic inorganique, le nickel, l’acrylamide et les furanes (composés se formant lors des cuissons à haute température), les PCB (polychlorobiphényles), des dioxines ainsi que des mycotoxines (substances produites par des champignons contaminant parfois les céréales) c’est autre chose. « Un nombre non négligeable d’enfants présentent une exposition supérieure aux valeurs toxicologiques de référence », alerte l’agence.
Pour l’Anses, il est « indispensable de mettre en place ou de renforcer des actions afin de diminuer l’exposition de la population infantile » à ces composés. Elle en appelle notamment à la responsabilité des industriels et au renforcement de « mesures de gestion visant à limiter les niveaux d’exposition ». Mais pour y remédier, il est avant tout nécessaire de poursuivre les efforts afin de « mieux comprendre l’origine de la présence de ces substances chimiques dans l’alimentation ».
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail rappelle également l’importance de prendre des mesures afin d’en maîtriser les rejets dans l’environnement. Elle est favorable notamment à ce que soient fixés des seuils réglementaire d’exposition.
L’exposition des enfants à ces polluants est également la responsabilité des parents. Car elle augmente à partir de l’introduction d’autres aliments que le lait maternel. La diversification alimentaire ne doit donc pas intervenir avant le sixième mois du bébé. Dès lors, il convient de multiplier les « sources d’approvisionnements », c’est à dire de changer le plus souvent possible de marques. Enfin, pour limiter l’exposition des plus petits, rien ne vaut la cuisine maison.
L’analyse présente toutefois certaines limites. Différentes substances relevées n’ont pu être analysées faute de connaissances toxicologiques (perturbateurs endocriniens, pesticides). Il conviendrait également d’analyser l’exposition par l’air ambiant pour aboutir à une analyse plus complète. Et si le sujet vous intéresse, découvrez l’OMS qui tire la sonnette d’alarme : 92% de la population mondiale respire un air trop pollué.
Par Victoria Ouicher, le
Source: Le Point
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