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On en sait plus sur les étranges structures circulaires au fond de l’océan

Cette étude contredit les précédentes recherches affirmant que des émanations de méthane étaient à l’origine de ces trous

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— Andrey_Kuzmin / Shutterstock.com

Sur le plancher océanique au large de la Californie centrale, un vaste champ de structures circulaires énigmatiques, datant de la Préhistoire, s’étend sur une zone aussi grande que la ville de Los Angeles. Ces formations, appelées le Sur Pockmark Field, comptent plus de 5 200 dépressions circulaires, chacune mesurant environ 200 mètres de diamètre et jusqu’à cinq mètres de profondeur. Longtemps considérées comme les traces de remontées de méthane, ces marques, en réalité, racontent une tout autre histoire.

Une découverte géologique monumentale

De telles structures ont déjà été observées dans diverses régions du globe, et l’explication la plus couramment admise jusqu’ici était qu’elles étaient associées à des remontées de méthane. Les bulles de gaz remontant à travers les sédiments étaient supposées creuser ces dépressions avec le temps. 

Mais une étude récente menée par une équipe de chercheurs du Monterey Bay Aquarium Research Institute (MBARI), de l’United States Geological Survey (USGS) et de l’université Stanford a bouleversé cette hypothèse. En examinant le Sur Pockmark Field de plus près, les scientifiques n’ont trouvé aucune trace de méthane sur le site. L’étude a été publiée dans le Journal of Geophysical Research: Earth Surface.

Une surprise de taille

Les recherches ont été motivées par des projets de développement de parcs éoliens en mer dans la région. Ces projets nécessitent une connaissance précise de la stabilité des fonds marins, car la présence de méthane pourrait compromettre les infrastructures. Pour vérifier la viabilité du site, les chercheurs ont lancé une série d’explorations approfondies du Sur Pockmark Field.

Grâce à l’utilisation de drones sous-marins sophistiqués, l’équipe a pu cartographier en détail plus de 300 de ces Pockmarks. En parallèle, plus de 500 échantillons de sédiments ont été prélevés à l’intérieur et autour de cinq formations. Le résultat fut pour le moins inattendu : aucune trace de méthane n’a été détectée.

« De nombreuses questions sur les processus qui façonnent les fonds marins restent encore aujourd’hui sans réponse », a déclaré Eve Lundsten, chercheuse principale au MBARI et responsable de l’étude. « Notre travail fournit des données capitales pour les gestionnaires de ressources marines et les décideurs, notamment ceux qui planifient des constructions sous-marines. »

Une explication géologique inattendue

Si le méthane n’est pas à l’origine de ces cavités géométriquement parfaites, qu’est-ce qui les a créées ? Selon l’analyse des chercheurs, ces Pockmarks sont en réalité le fruit de l’érosion progressive des sédiments sous-marins, provoquée par des coulées sédimentaires de grande ampleur. Les données collectées montrent que ces formations contiennent des couches alternées de sédiments fins, accumulés lentement au fil du temps, et de dépôts sableux provenant de puissantes coulées appelées « turbidites ». Ces dernières auraient sculpté le centre des Pockmarks, créant les creux visibles aujourd’hui.

De manière surprenante, les Pockmarks ne sont pas répartis au hasard sur le fond marin. Au contraire, ils suivent un motif très régulier, comme s’ils avaient été dessinés avec précision. L’équipe de chercheurs avance que des flux sédimentaires intermittents et non canalisés, survenus au cours des 280 000 dernières années, seraient responsables de cette organisation spatiale cohérente. Ces flux auraient non seulement creusé les cavités, mais aussi déplacé certains Pockmarks de plusieurs dizaines de kilomètres.

Outre son intérêt géologique, cette découverte constitue une bonne nouvelle pour les porteurs de projets énergétiques. L’absence de méthane élimine un facteur de risque majeur pour l’installation de structures comme des éoliennes. Chris Scholin, président-directeur général du MBARI, souligne l’importance de ce type de recherches pour le futur des énergies propres : « La transition vers les énergies renouvelables est cruciale pour lutter contre le changement climatique. Toutefois, il est essentiel de comprendre les impacts environnementaux potentiels avant de lancer des projets à grande échelle. Cette étude contribue à éclairer ces décisions en apportant des données scientifiques solides sur l’environnement marin. »

Par ailleurs, ce lac est le seul au monde à se jeter à la fois dans l’océan Atlantique et dans l’océan Pacifique.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: IFL Science

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