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© China New Service/Wikimedia Commons/CC-BY-3.0

La mission martienne chinoise, marquée par l’atterrissage réussi du rover Zhurong, a conduit à une percée scientifique majeure. Les récentes découvertes du rover sur la surface martienne, notamment la mise en évidence de structures géométriques sous la surface, ont ouvert une nouvelle fenêtre sur l’histoire géologique complexe de Mars. Cette avancée, révélée grâce à la technologie avancée de radar à pénétration de sol embarquée sur Zhurong, marque une étape cruciale dans la compréhension de la planète rouge.

Un pas de géant dans l’exploration de Mars

Le 15 mai 2021 est entré dans l’histoire comme le jour où la Chine est devenue le deuxième pays à déployer avec succès un rover sur Mars. Zhurong, nommé en l’honneur du dieu chinois du feu, a atterri dans la région d’Utopia Planitia, une vaste plaine située dans le plus grand bassin d’impact connu sur Mars et dans l’ensemble du Système solaire. Au cours de sa mission, le rover a parcouru 1 921 mètres.

Zhurong a non seulement exploré et photographié la surface martienne, mais a également réalisé des analyses détaillées grâce à son radar à pénétration de sol. Bien que sa mission initiale ait été prévue pour trois mois terrestres, Zhurong a dépassé cette durée, fonctionnant pendant plus d’un an terrestre avant d’entrer en hibernation. Armé de son instrument de radar à pénétration de sol (GPR), Zhurong a entrepris l’exploration de la topographie martienne, fournissant des informations cruciales sur la composition du sol et les structures souterraines. 

L’équipe de l’Institut de géologie et de géophysique de l’Académie chinoise des sciences a souligné l’importance du radar de Zhurong pour compléter les données obtenues par des missions orbitales antérieures, telles que Mars Express de l’ESA et l’orbiteur chinois Tianwen-1. Grâce au rover, il est possible d’obtenir des informations précieuses sur les structures peu profondes et la composition du sol martien jusqu’à 100 mètres de profondeur.

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© Zhang et al.

La découverte des polygones enfouis

Zhurong a révélé l’existence de polygones irréguliers enfouis, découverts à environ 35 mètres de profondeur. Ces structures, mesurant de quelques centimètres à plusieurs dizaines de mètres de diamètre, sont des coins polygonaux irréguliers. Cette trouvaille constitue une première dans l’exploration spatiale, car bien que des terrains de type polygone aient été observés à la surface de Mars par des missions antérieures, c’est la première fois que des indications de polygones enfouis sont identifiées.

Les scientifiques estiment que ces polygones pourraient être le résultat de cycles de gel et de dégel datant de plusieurs milliards d’années, une période où Mars était soumise à des conditions climatiques radicalement différentes. Une autre théorie suggère une origine volcanique, liée aux coulées de lave en cours de refroidissement. 

Selon les recherches menées par Lei Zhang et son équipe, publiées dans la revue Nature, les seize polygones détectés à une distance d’environ 1,2 kilomètre suggèrent une répartition étendue de terrains similaires sous la surface d’Utopia Planitia. Ces formations se seraient développées il y a entre 3,7 et 2,9 milliards d’années, époque marquée par la transition entre les périodes hespérienne et amazonienne de Mars.

Un changement climatique majeur sur Mars

L’article indique que la migration de l’humidité causée par l’aspiration cryogénique d’un aquifère souterrain sur Mars, les chutes de neige dans l’atmosphère ou la diffusion de la vapeur pour le dépôt de glace interstitielle pourraient être à l’origine de la présence ultime de l’eau et de la glace nécessaires au processus de gel-dégel dans les coins. En effet, des études antérieures utilisant les données radar de Zhurong ont suggéré que la surface d’Utopia Planitia a été formée en de nombreuses couches au cours de la même période par des inondations.

La présence des polygones enfouis indique une transformation paléoclimatique notable, soulignant un bouleversement dans les conditions environnementales martiennes. Un changement significatif dans l’activité de l’eau ou dans les conditions de température au cours de l’ancienne époque martienne est mis en évidence par la disparité entre la surface et le sous-sol à une profondeur d’environ 35 mètres.

Alors que Zhurong a achevé sa mission principale, les résultats de ses découvertes continuent de stimuler la recherche et la planification de futures missions. L’exploration de Mars est loin d’être terminée, et chaque nouvelle mission apporte son lot de connaissances, ouvrant la voie à de plus amples explorations. Par ailleurs, voici 15 découvertes sur Mars qui ont changé notre vision de la planète rouge.

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