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Le paysage du streaming français continue de bouger
Le marché français de la SVOD n’a jamais été aussi compétitif. Les plateformes multiplient les exclusivités, les productions locales et les stratégies agressives pour conserver (ou récupérer) des abonnés qui n’hésitent plus à passer d’un service à l’autre.
Selon les données récemment communiquées par JustWatch, le plus grand guide mondial des contenus en streaming, la hiérarchie évolue encore : Netflix reste en tête, Prime Video perd du terrain, et d’autres acteurs profitent de ce repli pour s’installer un peu plus solidement.
Ce dynamisme reflète aussi une tendance identifiée depuis deux ans : les Français arbitrent davantage leurs abonnements pour limiter la facture, un phénomène déjà évoqué dans plusieurs sujets sur Daily Geek Show, notamment dans nos articles dédiés aux évolutions du numérique plateforme de streaming ou aux nouvelles pratiques culturelles.
Netflix : une domination renforcée grâce à ses têtes d’affiche
Si Netflix conserve sa première place, ce n’est pas un hasard. Le retour de Mercredi, série déjà phénoménale à sa sortie, a relancé une vague d’abonnements. À cela s’ajoute le succès du Murder Club du Jeudi, KPop Demon Hunters et un lancement suffisamment puissant pour installer durablement la plateforme en haut du classement.
Netflix maîtrise désormais parfaitement son modèle :
- des séries à forte résonance mondiale,
- un renouvellement constant du catalogue,
- et un marketing culturel qui transforme chaque sortie en événement.
Alors que la concurrence se durcit, la plateforme américaine semble avoir trouvé la formule pour conserver une longueur d’avance.
Prime Video : une légère baisse malgré une année dynamique
Derrière, Prime Video occupe une place solide avec environ un quart du marché français. Toutefois, JustWatch indique une baisse de –1 % au dernier trimestre.
Un recul qui peut surprendre, car la plateforme a signé plusieurs cartouches importantes, dont la série L’été où je suis devenue jolie, particulièrement populaire auprès du public adolescent et jeune adulte.
Mais Prime Video reste dans une logique différente de ses concurrents :
- la plateforme est liée à l’abonnement Amazon Prime,
- elle bénéficie d’un public large mais moins captif,
- elle alterne blockbusters, sports en direct et contenus originaux.
Cette diversité est une force, mais elle peut aussi diluer l’impact de ses nouveautés face aux productions événementielles de Netflix ou Disney+.
Disney+ : une progression discrète mais continue
La plateforme de Mickey continue de gagner du terrain : +1 % ce trimestre.
La surprise vient du succès d’Alien : Earth, série propulsée en tête des “streaming charts” français pendant plusieurs semaines.
Disney+ consolide donc sa base grâce à :
- ses franchises (Marvel, Star Wars, Pixar),
- quelques productions plus adultes,
- et un catalogue familial très stable.
La stratégie semble claire : limiter la quantité, maximiser l’impact des rares productions événementielles. Une approche plus qualitative que quantitative, et qui porte ses fruits.
Paramount+, HBO Max et Apple TV+ : les outsiders qui montent
Dans le milieu du classement, la concurrence devient féroce.
JustWatch indique :
- Paramount+ : +2 %
- Disney+ : +1 %
- HBO Max : +1 %
- Apple TV+ : +1 %
Paramount+ tire largement profit de son catalogue historique (Mission: Impossible, Star Trek, Yellowstone), mais aussi d’accords de diffusion locaux.
HBO Max profite de séries premium à forte reconnaissance critique, un positionnement proche de ce qu’était OCS autrefois.
Quant à Apple TV+, malgré un catalogue plus réduit, la plateforme capitalise sur des séries au bouche-à-oreille très fort comme Silo, Foundation ou Severance.
Cette montée collective montre que le marché français, longtemps dominé par trois acteurs, est désormais mieux réparti.
Canal+ en repli : une chute à surveiller
C’est l’un des chiffres marquants du rapport : Canal+ enregistre –2 %, la plus forte baisse du trimestre.
Le groupe français reste incontournable grâce à :
- ses productions locales,
- ses exclusivités cinéma,
- et sa stratégie d’agrégation (Netflix + Disney+ + Paramount+ dans ses offres).
Mais la concurrence directe des plateformes internationales pèse davantage, et l’écosystème Canal doit composer avec une transformation rapide du marché, où les abonnés ne veulent plus s’enfermer dans des bouquets complexes.
Un marché en pleine redistribution
L’ensemble des données de JustWatch indique un changement profond dans la manière dont les Français consomment leurs contenus :
- Les plateformes généralistes voient leur position fragilisée.
- Les services spécialisés (premium, qualitatifs, franchise-based) gagnent du terrain.
- Les abonnés arbitrent plus souvent, selon les séries du moment.
Ce phénomène va continuer à s’accentuer avec :
- l’arrivée de nouveaux services,
- la multiplication des offres avec publicités,
- et la fragmentation des catalogues (chaque studio récupère ses licences).
Un contexte que nous avions déjà analysé dans plusieurs articles DGS dédiés à l’évolution du numérique et à la consommation culturelle.
Et demain ? Une bataille de contenus et de prix
Si Netflix reste leader, son avance n’est plus une garantie : le marché devient plus segmenté et chaque plateforme trouve sa niche.
Les prochains mois seront marqués par :
- de nouvelles hausses de prix,
- l’extension des offres AVOD (avec pubs),
- la bataille des exclusivités,
- l’importance croissante de la production européenne.
Une certitude émerge : les abonnés veulent de la qualité, une interface simple et des nouveautés régulières.
Les services qui réussiront à cocher ces trois cases seront les gagnants de la prochaine année.
Par Antoine - Daily Geek Show, le
Étiquettes: Netflix, Prime Video, canal plus, Amazon