
Une équipe de chercheurs asiatiques a dévoilé une nouvelle approche plutôt insolite pour le stockage des données, impliquant de la glace et de minuscules bulles d’air.
Bulles de données
Lorsque l’eau gèle, les gaz jusqu’alors dissous sont comprimés et forment des bulles, dont la taille et la forme dépendent en grande partie de la vitesse à laquelle ce changement d’état se produit. Récemment, Mengjie Song, de l’Institut de technologie de Pékin, et ses collègues ont développé un système de stockage de données s’inspirant largement de ce phénomène.
Le dispositif expérimental intègre une cellule de Hele-Shaw, dans laquelle une fine colonne verticale d’eau liquide déionisée est prise en sandwich entre deux feuilles d’acrylique transparentes. Grâce à une plaque réfrigérante située à sa base, l’équipe a pu contrôler minutieusement la vitesse de congélation de l’eau (entre -15 °C et -35 °C).
Ces variations ont permis de créer des bulles ovales, étirées, et également empêché l’apparition de ces structures dans les couches de glace nouvellement formées. Différentes combinaisons de formes et de tailles ont été utilisées pour le codage binaire et ternaire de données.
Pour les déchiffrer, des clichés haute définition de ces supports de stockage rectangulaires ont été pris. Une fois convertis en niveaux de gris, ils ont été décortiqués par un logiciel développé spécifiquement à cette fin.

Implications potentielles
Les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans la revue Cell Reports Physical Science, estiment qu’une telle technologie pourrait être utilisée dans les régions les plus froides et isolées du globe (Antarctique et Arctique), voire sur d’autres planètes.
Bien qu’une certaine quantité d’énergie soit nécessaire pour encoder les données, aucune n’est requise pour la conservation de ces supports de stockage naturels dans des environnements où la température reste inférieure à 0 °C.
L’approche pourrait également conduire au développement de systèmes de dégivrage plus efficaces pour les avions, ou être utilisée pour étudier la formation de bulles dans certains matériaux (notamment l’aluminium).
En début d’année, des chercheurs avaient développé une technologie inspirée du cunéiforme, permettant de stocker quatre fois plus de données.