
Une progéniture issue de deux pères biologiques peut-elle continuer à perpétuer ses gènes par la reproduction ? Il s’avère que oui, puisque pour la toute première fois, des souris ayant deux pères ont effectivement produit leur propre progéniture. C’est une prouesse rendue possible par l’édition génétique.
Repousser les limites du possible dans le domaine de la reproduction
Des millions d’années d’évolution ont déterminé la manière dont se produit généralement la reproduction chez les mammifères. Mais même si quelque chose n’existe pas dans la nature, ça ne signifie pas forcément que c’est impossible. En fait, les possibilités sont infinies en laboratoire, et les avancées scientifiques permettent parfois de rendre possible ce qui ne l’était pas auparavant. Cela a été le cas avec ces souris nées de deux pères biologiques. S’il est déjà incroyable que ces souris aient pu être produites ainsi, il est encore plus surprenant que ces souris aient réussi à produire leur propre progéniture.
Cet exploit a été réalisé grâce à l’édition génétique. Les souris issues de deux pères biologiques sont le résultat de recherches réalisées par des chercheurs de l’université Jiao Tong de Shanghai, en Chine, plus tôt cette année. Normalement, la reproduction chez les mammifères nécessite généralement un spermatozoïde et un ovocyte pour créer un zygote qui se développe dans l’utérus jusqu’à devenir un nouvel organisme, et c’est ce que l’on appelle l’embryogenèse. Autrement dit, l’embryogenèse nécessite la fusion de génomes paternel et maternel.
#Fertile #Mice with only paternal DNA have been produced by editing seven imprinting control regions, highlighting #GenomicImprinting as a key barrier to uniparental mammalian development. @PNASNews https://t.co/n4T5VaVWhb https://t.co/MY7rCGSazx
— Phys.org (@physorg_com) June 26, 2025
Un enchaînement réussi
Dans le spectre de la reproduction animale, il existe ce que l’on appelle l’androgénèse, un phénomène par lequel une progéniture est engendrée uniquement à partir du matériel génétique paternel. Dans ce cas-ci, les chercheurs ont utilisé le génome de deux souris mâles pour féconder des ovules génétiquement modifiés pour être dépourvus du matériel génétique de la mère. Des modifications génétiques sur les spermatozoïdes ont également été réalisées. Les chercheurs ont utilisé une méthode appelée édition de l’épigénome pour reprogrammer sept sites de l’ADN des spermatozoïdes afin de pouvoir obtenir des zygotes viables.
Bien que l’expérience ait finalement réussi et que cela ait effectivement abouti à la naissance de plusieurs souris, il a été constaté que ces dernières étaient stériles et incapables de se reproduire. D’ailleurs, le taux de survie des souris était également très faible, puisque sur les 200 souris qui sont nées de deux pères biologiques, seulement deux spécimens ont réussi à atteindre l’âge adulte. Mais ces deux petites souris ont cependant défié les pronostics puisqu’elles ne se sont pas contentées de survivre. Ces deux survivantes se sont à leur tour reproduites normalement et ont donné naissance à des souriceaux en bonne santé.
C’est une première dans la recherche sur l’androgénèse, et c’est un important pas en avant dans la compréhension de ce phénomène très rare chez les mammifères. Il est important de comprendre que l’implication de cette recherche va bien au-delà de la curiosité scientifique, dans la mesure où les informations qu’elle fournit peuvent apporter une meilleure compréhension des mécanismes de reproduction, des problèmes d’infertilité et des troubles congénitaux. Elle pourrait également être d’une grand aide pour la sauvegarde d’espèces menacées d’extinction. En effet, les chercheurs ont expliqué que même si le chemin à suivre est encore long, le potentiel est immense.
Par ailleurs, une souris reçoit un fragment de génome humain : les changements observés déstabilisent les biologistes.
Par Gabrielle Andriamanjatoson, le
Source: New Scientist
Étiquettes: souris
Catégories: Sciences, Actualités