Alors que Mars constituait jusqu’à présent l’endroit le plus susceptible d’abriter la vie au-delà de la Terre, des astronomes ont récemment identifié un gaz appelé phosphine dans les couches nuageuses de Vénus, qui pourrait signaler la présence d’une activité microbienne dans l’atmosphère de cette planète inhospitalière.
Une planète inhospitalière
La phosphine est une molécule relativement rare ici sur Terre. Lorsqu’elle apparaît dans la nature, elle est généralement expulsée par les bactéries et autres microbes qui ne respirent pas d’oxygène. Comme elle ne peut pas être produite en quantité significative par d’autres processus connus, les chercheurs du MIT ont suggéré l’année dernière que la phosphine pourrait constituer une signature biologique utile pour détecter la présence de vie sur d’autres planètes. Il semble que leur chasse ait d’ores et déjà porté ses fruits, au sein même de notre système, avec la récente découverte de phosphine dans l’atmosphère de Vénus.
Avec des températures de surface atteignant 464 °C et une pression atmosphérique près de 100 fois supérieure à celle de la Terre, Vénus est loin d’être un paradis. Mais on a longtemps émis l’hypothèse que la vie microscopique pourrait trouver refuge dans son atmosphère, à des altitudes comprises entre 53 et 62 km environ, où les températures sont beaucoup plus fraîches. Si la détection de phosphine renforce une telle hypothèse, il s’avère que les nuages de cette région sont composés d’acide sulfurique, ce qui constituerait un défi majeur à surmonter pour tout type de vie telle que nous la connaissons.
« Trouver de la phosphine sur Vénus représentait un cadeau inespéré », explique Clara Sousa Silva, co-auteure de l’étude, récemment publiée dans la revue Nature Astronomy. « Cette découverte soulève de nombreuses questions, comme par exemple comment n’importe quel organisme pourrait survivre dans de telles conditions. Sur Terre, certains microbes peuvent supporter jusqu’à 5 % d’acide dans leur environnement – mais il se trouve que les nuages de Vénus sont presque entièrement constitués d’acide. »
Des quantités importantes de phosphine dans les nuages de Vénus
En utilisant le télescope James Clerk Maxwell (JCMT) et le réseau Atacama Large Millimeter/submillimeter Array (ALMA), l’équipe a repéré la signature spectrale de la phosphine, et estimé sa concentration à environ 20 parties par milliard. Fait intrigant, les chercheurs affirment que l’acide sulfurique présent dans ces nuages devrait constamment consommer la phosphine, ce qui signifie qu’un mécanisme quelconque permet de reconstituer régulièrement les réserves. Mais pourrait-il s’agir de la vie ?
Les chercheurs ont exploré une série de processus naturels potentiels qui pourraient produire de la phosphine, notamment la lumière du soleil, la foudre, l’activité volcanique ou les minéraux remontant de la surface. Mais d’après leurs calculs, aucun d’entre eux ne permettait d’expliquer la quantité de gaz détectée – il y avait 10 000 fois plus de phosphine que ce que l’on pourrait attendre de tels processus. Toutefois, l’équipe a estimé que les organismes pouvaient produire ce volume de phosphine en fonctionnant à seulement 10 % de leur rendement prévu.
Aussi excitante soit cette découverte, elle est loin de confirmer l’existence de formes de vie extraterrestres, comme le souligne le scientifique australien Danny Price, qui n’a pas participé aux travaux. « Cela pourrait constituer la première détection de vie au-delà de la Terre. Si la vie peut apparaître dans les nuages hyperacides de Vénus, il est probable qu’elle soit répandue dans toute la galaxie. Mais avant de nous emballer, nous devons prendre une profonde respiration de cet air vénusien et examiner les voies moins excitantes par lesquelles la phosphine pourrait se faufiler. »
Selon le chercheur, des mécanismes complexes de réapprovisionnement en phosphine jamais observés sur Terre pourraient intervenir dans l’atmosphère de Vénus. Par conséquent, un suivi intensif et des observations supplémentaires seront indispensables pour confirmer la présence de vie extraterrestre. Ce à quoi comptent s’atteler les auteurs de l’étude dans les mois qui viennent.
Par Yann Contegat, le
Source: New Atlas
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