Nouveau scandale pour l’industrie du pétrole qui concerne cette fois la multinationale Shell. En 1988, le géant des énergies fossiles aurait été l’auteur d’un rapport sur le réchauffement climatique et ses dangers pour l’homme et la planète, puis l’aurait quelque peu oublié.

UN RAPPORT INCRIMINENT

Le journaliste néerlandais Jelmer Mommers, spécialiste du climat et de l’énergie, a révélé un document compromettant pour Shell : un rapport interne datant de 1988 et établi par un groupe de recherche scientifique de l’entreprise mettant en garde contre le réchauffement climatique, ses effets dévastateurs et le rôle des industries pétrolières.

Le rapport blesse, le groupe de travail s’est formé en 1981, l’étude date de 1986, Shell a fait partie de la Global Climate Coalition, célèbre groupe de contestation de l’existence du réchauffement climatique, de 1989 à 1998. À l’époque où les rapports scientifiques mettant en évidence le rôle du CO2 dans l’augmentation du réchauffement climatique, commencent à toucher le champ politique, Shell niait une information qu’elle possédait pour pouvoir continuer ses activités polluantes.

Les scientifiques prévoyaient à l’époque des augmentations de 1,3 °C à 3,3 °C d’ici à 2070 et précisaient déjà que notre planète subirait des « changements significatifs du niveau des mers, des courants marins, des modèles de précipitations, de la météo, les plus importantes transformations jamais connues depuis 12.000 ans. Ces changements à la fois rapides et spectaculaires auront un impact sur l’environnement humain, les standards de vie future, les ressources en nourriture, et pourraient avoir des conséquences sociales, économiques et politiques majeures ». Plus compromettant encore, le rapport indique clairement qu’à l’époque, le pétrole est à l’origine de 40 % des émissions de CO2 dans l’atmosphère, le charbon à 38 % et le gaz à 12 %. Shell était responsable de 4 % des rejets de CO2 liés à ces quatre énergies.

LE MENSONGE, LA MEILLEURE DES SOLUTIONS

Les experts précisaient que les changements de température inhérents au réchauffement climatique ne seraient perceptibles qu’a compter de la fin du XXe siècle, voire le début du XXIe. Il serait alors tentant pour la société d’attendre de remarquer ces changements avant d’agir. Le rapport alerte pourtant que lorsque les changements commenceront à se voir, il sera peut-être trop tard pour inverser la situation. Pour eux, l’industrie de l’énergie doit œuvrer avec les gouvernements pour lutter contre le problème.

Les chercheurs avaient prévenu le groupe, avaient conseillé d’agir, mais la marque au coquillage a préféré ignorer formidablement les signaux lancés par les chercheurs. Membre de la Global Climate Coalition jusqu’en 1998, le groupe s’était même opposé aux accords de Kyoto en 1997 alors que de 1988 à 2016, le groupe faisait partie des 100 entreprises rejetant 71 % du CO2 dans l’atmosphère selon un rapport de 2017 de l’ONG Carbon Disclosure Project.

Depuis la révélation de l’enquête, le groupe est attaqué de toute part sur Twitter avec le hashtag #ShellKnew (Shell savait) et les critiques fusent. La directrice de la communication de Shell France défend la position du groupe en argumentant que le changement climatique est une réalité que le groupe n’a jamais cherché à nier, qu’il l’a toujours pris en compte et cherche des alternatives. Elle affirme que Shell soutient les accords de Paris et reconnaît le besoin de la société d’évoluer vers le bas carbone en ajoutant que « Un changement culturel et des politiques publiques dédiées seront nécessaires pour répondre à ce double enjeu et cela demandera l’implication et la coopération des différents acteurs de notre société”.

Les associations, comme Les Amis de la Terre Pays-Bas, elles ne sont pas dupes et demandent aux dirigeants de la multinationale de cesser l’hypocrisie et de s’aligner sur les accords de Paris sous peine de les poursuivre en justice.

 

Le PDG déclarait en 2017 que le groupe investirait 1 milliard d’euros par an à partir de 2020 dans les énergies renouvelables pourtant l’assemblée générale des actionnaires de Shell votaient l’an dernier également à 94 % contre la demande de l’ONG Follow This de définir et publier des objectifs de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre…

 

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