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Le marché des sextoys occupe une place importante. Toutefois, une nouvelle étude alerte : ils contiennent des substances dangereuses pour la santé. Explications.

Un marché toujours plus florissant

Depuis la crise du Covid-19, le marché mondial des sextoys a explosé. Et, il devrait atteindre les 50 milliards de dollars d’ici 2025. Leur utilisation quasi quotidienne au sein de la population est une bonne raison pour prendre au sérieux les conséquences qu’ils peuvent avoir sur notre santé.

« Les consommateurs attendent des produits qu’ils achètent que leur utilisation soit sans danger », ont expliqué les chercheurs des universités de Boone et Duke à l’origine de cette étude américaine publiée dans la revue Springer Open. Bien que les risques pour la santé des objets de notre quotidien soient très étudiés avant leur mise sur le marché, cela n’est pas suffisamment le cas pour les sextoys. Ils entrent pourtant en contact avec les parties les plus sensibles de notre corps.

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Nanoplastiques, microplastiques et phtalates

Pour comprendre l’impact des sextoys sur notre santé, les chercheurs ont étudié quatre modèles différents : un double vibrateur (« Deluxe rotating wall bangers rabbit vibrator »), des perles anales (« Cal exotics X-10 Beads Blue »), un jouet anal (« Stubby nubby G-vibe pink ») et un vibrateur externe (« Luna rechargeable personal massager »). Ce dernier a été sélectionné pour la mention « fabriqué à partir de silicone de qualité médicale » sur son emballage.

Les chercheurs ont réalisé plusieurs études physico-chimiques sur ces sextoys pour comprendre leur composition et leur structure. Ils ont utilisé la spectroscopie IRTF pour vérifier que leur composition correspond bien à ce qui est indiqué sur leurs emballages. Pour tous les modèles, sauf le double vibrateur dont la composition n’est pas précisée, la composition correspondait à celle indiquée par les fabricants. « Cependant, ces jouets sexuels sont constitués de matrices très complexes contenant des additifs, notamment des phtalates et des colorants, qui ont entravé l’identification de la matrice », ont expliqué les chercheurs.

Le jouet anal affiche le taux de microplastiques le plus élevé, suivi des perles anales, du double vibrateur et du vibrateur externe. « Pour simuler des conditions d’abrasion représentatives de l’utilisation réelle des produits d’autres méthodes et études seront nécessaires. Cette méthode standard initiale a été appliquée comme preuve de concept, en accord avec les travaux sur d’autres matrices de produits », ont ajouté les chercheurs.

Dans le même temps, des phtalates ont été retrouvés dans les quatre sextoys, et notamment du phtalate DnOp à des niveaux supérieurs autorisés dans les jouets pour enfants aux États-Unis, dans le double vibrateur. « Nos études indiquent que les jouets sexuels peuvent se décomposer en microplastiques et que les matériaux contiennent des phtalates qui ont été associés à des problèmes de santé. Des études complémentaires devront être réalisées afin de comprendre leur impact sur les muqueuses. Bien que la réglementation des sextoys ait été comparée à celle des jouets pour enfants, souvent en contact avec la bouche, elles ne s’équivalent pas pour autant. Des études complémentaires devraient être réalisées pour vérifier ce point. Pour autant, les données obtenues sur les concentrations de phtalates suggèrent que des expositions élevées à ces composés toxiques sont possibles pour la grande partie de la population qui utilise des objets sexuels. »

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Un besoin important de régulation et de prévention

Les chercheurs pointent du doigt le manque de clarté des fabricants concernant leurs produits. Ils critiquent notamment la présence de la mention « sans phtalates » sur leurs sextoys alors qu’ils en ont trouvé après analyse. Dans la même veine, un autre emballage affichait deux mentions contradictions : « objet fantaisie non destiné à une utilisation sans danger » et « sans danger pour le corps ».

Les chercheurs ont expliqué que les mentions caractérisant le produit comme destiné à un usage récréatif permettent d’éviter la catégorisation du produit comme étant à usage médical et donc de passer outre les régulations de la Food and Drug Administration (FDA), aux États-Unis. Au coeur de la FDA, les sextoys sont encore classifiés comme des dispositifs à usage médical destinés « à traiter les dysfonctionnements sexuels et à améliorer le tonus des muscles du plancher pelvien ». Cette définition date de la fin du XIXe siècle et peut être remise en cause.

De l’autre côté du continent, en Europe, depuis 2021, la norme internationale ISO 3 533 précise des exigences en matière de sécurité et d’informations concernant l’usage des sextoys. Elle proscrit notamment la présence de phtalates dans ces objets.

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