Au fond d’une grotte du sud de l’Italie se cache un témoignage préhistorique aussi spectaculaire que déroutant : le squelette remarquablement complet d’un Néandertalien, piégé dans un véritable écrin minéral.
Tombeau minéral
Identifiés au début des années 1990, les restes de l’individu, encastrés dans une paroi du système karstique de Lamalunga, près de la ville d’Altamura, avaient surpris les scientifiques par leur orientation inhabituelle (son crâne était renversé) suggérant une violente chute, et leur aspect granuleux, dû à l’accumulation de calcite.
Plus de trois décennies plus tard, l’Homme d’Altamura n’a toujours pas pu être exhumé de son « tombeau » de concrétions minérales, connues sous le nom de spéléothèmes. Mais la datation à l’uranium-thorium a au moins permis d’établir qu’il vivait dans ce qui est aujourd’hui la région des Pouilles il y a entre 130 000 et 172 000 ans, et des analyses ADN basés sur des fragments d’omoplate ont confirmé qu’il s’agissait bien d’un Néandertalien.
Détaillées dans la revue Quaternary Science Reviews, de nouvelles analyses ont permis d’en apprendre un peu plus à son sujet. Réalisées « in situ », celles-ci ont impliqué des appareils à rayons X portables, de caméras endoscopiques à haute résolution et des minuscules scanners laser que l’équipe a glissés dans les minuscules brèches de sa sépulture minérale.
Des découvertes intrigantes
En combinant ces précieuses données, les auteurs de la nouvelle étude ont pu déterminer qu’il s’agissait d’un individu adulte, souffrant de pathologies dentaires assez courantes ayant entraîné la perte de plusieurs dents (images ci-dessus).
La modélisation numérique de son crâne a de son côté révélé un certain nombre de caractéristiques morphologiques inhabituelles. Globalement, sa structure présentait des similitudes intrigantes avec celle d’un hominidé bien plus ancien considéré comme un Néandertalien précoce, qui vivait dans une grotte espagnole il y a environ 430 000 ans.
Sur la base de ces découvertes, l’équipe estime que l’Homme d’Altamura appartenait probablement à une population isolée de Néandertaliens, à la trajectoire évolutive différente de celle du reste de l’Eurasie, caractérisée par la conservation de certains traits archaïques.
Par Yann Contegat, le
Source: IFL Science
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