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Sarco, la capsule qui permet d’avoir recours au suicide assisté, légalement approuvée en Suisse

Selon son concepteur, elle permet une mort paisible

La capsule « Sarco » de Philip Nitschke © Ratel / Wikimedia Commons

Une capsule, au style assez futuriste, a été mise au point par le directeur de l’ONG Exit International, qui lutte pour la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté. Cet ancien médecin australien cherche, depuis de nombreuses années, un moyen de mettre fin à ses jours, et ce, sans aucune assistance médicale.

Partisan du « suicide rationnel »

Philip Nitschke, surnommé « Doctor Death » (« docteur de la mort »), a récemment mis au point une capsule permettant à tous de faire le choix d’une « bonne mort », et ce, quel que soit son état de santé. Il milite depuis 1995 pour le « droit fondamental de choisir de rendre ce cadeau qu’est la vie au moment où vous le désirez ». Âgé de 74 ans, il était autrefois médecin. Toutefois, afin de continuer à promouvoir ses idées de « suicide rationnel », il a brûlé son certificat et est désormais à la tête d’Exit International, une ONG militant activement pour le droit à l’euthanasie et au suicide assisté.

Le « suicide rationnel » est l’idée selon laquelle mettre fin à ses jours n’est pas toujours le fait d’une souffrance mentale, mais un choix rationnel. Cette idée commence à faire son chemin aux États-Unis, notamment chez les plus âgés. S’exprime en effet, chez certains, la volonté de choisir sa mort comme on choisit sa vie. Ils souhaitent en effet ne pas subir une dégradation de leur état de santé mentale ou physique, et partir de la façon dont ils le souhaitent, et quand ils l’ont décidé.

Une machine « confortable »

Cette idée est évidemment très loin de faire l’unanimité. Les personnes intervenant en matière de prévention du suicide ont ainsi l’impression que leurs efforts se trouvent réduits à néant. Mais Philip Nitschke insiste sur le libre arbitre des personnes à choisir leur fin de vie. Il détaille, dans une interview à Swissinfo, le fonctionnement de cette machine : « une capsule imprimée en 3D, activée de l’intérieur par la personne qui a l’intention de mourir ». La machine devra interroger la personne qui a l’intention de mourir, « pour établir {sa} capacité mentale ». La personne devra ensuite enclencher un bouton, qui diffuse du gaz. « {Elle} se sentira un peu désorientée et pourra se sentir légèrement euphorique avant de perdre connaissance […]. Il n’y a pas de panique, pas de sensation d’étouffement. »

La machine se met donc en route sans aucune assistance médicale. Le docteur précise à Swissinfo que le décès survient “par hypoxie (manque d’apport en oxygène) et hypocapnie (diminution de la quantité de dioxyde de carbone présente dans le sang) à travers un mécanisme déployant de l’azote dans la capsule”. Actuellement, en Suisse, le suicide assisté est possible uniquement par l’administration de pentobarbital, un puissant barbiturique. Dans le pays helvète, 1,5 % des décès annuels enregistrés résultent de suicides assistés.

“Nous voulons supprimer tout type d’examen psychiatrique du processus et permettre à l’individu de contrôler lui-même la méthode”, affirme Philip Nitschke. Il entend ainsi, grâce à sa machine, « faciliter » le processus de fin de vie.

Une machine controversée

L’idée du « Doctor Death » pose évidemment de nombreuses questions, éthiques, philosophiques… La machine, avec son esthétique moderne voire futuriste, la possibilité de choisir l’endroit où l’on veut y avoir recours (un centre médicalisé d’assistance au suicide, ou bien un « cadre extérieur idyllique »), est accusée de « glorifier » l’assistance au suicide. Sarco a même été qualifiée de « chambre à gaz glamour » aux Pays-Bas, où le projet avait été présenté en 2018.

Toutefois, Philip Nitschke affirme que le déploiement de sa machine en Suisse ne rencontre aucun problème juridique. Actuellement, deux prototypes de Sarco sont exposés dans un musée, un troisième, actuellement en construction aux Pays-Bas, arrivera dans le pays helvète en 2022, et sera quant à lui opérationnel.

Par Marine Guichard, le

Source: The Indepedent

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