De récentes recherches ont conduit à l’identification de plusieurs cas probables de sacrifices humains par strangulation dans l’Europe néolithique, intervenus sur une période d’environ deux millénaires.
Mort par strangulation
Le réexamen minutieux des squelettes de trois femmes de l’âge de pierre, mis au jour près d’Avignon il y a un peu plus de deux décennies, a révélé qu’elles avaient été probablement placées vivantes dans leur sépulture (semblable à un silo), dans des positions inhabituelles associées à « l’incaprettamento ».
Utilisée par certaines mafias italiennes, cette forme de supplice consiste à placer la victime sur le ventre avec les genoux fléchis, une corde attachée autour du cou et des chevilles. Au fil des heures, ses jambes se détendent inexorablement, mettant la corde sous tension et entraînant sa mort par strangulation.
« Un supplice particulier de par sa cruauté mais aussi parce que l’officiant n’a pas besoin de mettre à mort le sujet sacrifié, et qu’aucun sang n’est versé », souligne Eric Crubézy, professeur à l’université Toulouse III-Paul Sabatier et auteur principal de la nouvelle étude, publiée dans la revue Science Advances.
Plus d’une vingtaine de cas identifiés
Dans l’optique de déterminer si ces morts rituelles s’inscrivaient dans une tradition néolithique plus large, l’équipe a ensuite examiné les cas d’asphyxie positionnelle précédemment décrits, en dénombrant une vingtaine documentés sur plusieurs sites espagnols et d’Europe de l’Est. Des gravures rupestres trouvées dans une grotte italienne semblaient également évoquer ce type de pratique.
Les lourds fragments de pierre utilisés pour moudre le grain posés sur le corps des victimes, ainsi que la structure en bois surplombant initialement la fosse, dont les ouvertures étaient orientées en direction des solstices d’été et d’hiver, suggèrent quant à eux un lien étroit entre ces sacrifices et les pratiques agricoles de l’époque.
Sur la base de ces découvertes, les chercheurs estiment que cette pratique sordide et visiblement répandue aurait persisté pendant près de 2 000 ans sur le Vieux Continent (5400 à 3500 avant notre ère environ).
Par Yann Contegat, le
Source: Arkeo News
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