Près de Székesfehérvár, en Hongrie, des archéologues viennent de mettre au jour un objet aussi rare que fascinant : un sabre avar datant du haut Moyen Âge. Derrière ce trésor inattendu, c’est tout un pan de l’histoire de la région qui refait surface, et les premières révélations ne font qu’aiguiser la curiosité des chercheurs. Explications.
Des cimetières révélés… depuis l’espace
Cette découverte est le fruit d’un programme novateur baptisé « Cimetières vus de l’espace », mené par le Musée national hongrois et le Musée du roi Étienne. L’imagerie satellite y joue un rôle clé : les zones où le sol a été remué par des sépultures retiennent mieux l’eau, rendant les cultures plus vertes et plus denses. Ces contrastes permettent d’identifier précisément les cimetières enfouis et même certaines tombes profondes, typiques de l’époque des grandes migrations.
Guidé par ces indices aériens, l’archéologue Frigyes Szücsi a lancé des fouilles à la frontière de Székesfehérvár et d’Aba, sur des terres agricoles privées. Les clichés révélaient un vaste cimetière de 400 à 500 tombes et un second, plus petit, à quelques centaines de mètres. Deux sépultures de la période avare moyenne (VIIᵉ-VIIIᵉ siècle) ont déjà été ouvertes. C’est dans l’une d’elles, le 25 août, qu’est apparue la silhouette inattendue d’un sabre.
Un marqueur de prestige social
Dans les tombes avares, on retrouve habituellement lances, arcs et autres armes, mais les sabres sont d’une extrême rareté, surtout dans le comté de Fejér. La dernière découverte comparable dans la région remonte à 1979, lorsque l’archéologue Gyula Fülöp avait mis au jour un sabre semblable sur le site de Kajászó-Újmajor.
Pour Szücsi, cette arme est un signe clair du rang élevé du défunt. « L’épée elle-même indique déjà qu’une personne de haut statut a été enterrée ici. » La tombe recelait également des ornements de cheveux en bronze doré et une ceinture en bronze embouti, autant d’indices d’un personnage de l’élite avare.
L’extraction de l’arme, fragilisée par des siècles d’enfouissement et de corrosion, a nécessité un dispositif sur mesure : le menuisier bénévole László Teker a fabriqué un cadre en bois pour prélever l’ensemble bloc de terre et sabre. Ce précieux ensemble rejoindra un laboratoire spécialisé afin de stabiliser le métal, menacé par les produits chimiques des sols agricoles.

Une fenêtre sur la puissance avare
Pour les historiens comme György Szabados, cette trouvaille confirme l’importance du comté de Fejér au haut Moyen Âge. Près de 80 sites détectés par satellite restent encore à fouiller, promettant d’autres révélations.
Les Avars, peuple nomade d’Asie centrale, s’étaient installés dans le bassin des Carpates à la fin du VIᵉ siècle et y ont fondé un khaganat qui a perduré jusqu’au IXᵉ siècle. Leurs armes, bijoux et rites funéraires témoignent d’une société hiérarchisée et en interaction avec ses voisins.
Ce sabre de Székesfehérvár ne constitue donc pas seulement une pièce d’armement exceptionnelle : il illustre la manière dont les technologies modernes, comme l’imagerie spatiale, révolutionnent notre compréhension des civilisations disparues. Et il soulève déjà une question captivante : que révéleront les dizaines de sites encore inexplorés sur le pouvoir et la culture des Avars ?
Par ailleurs, des épées romaines rarissimes conduisent à une découverte archéologique majeure.