― Martin Prochazkacz / Shutterstock.com

Des chercheurs britanniques se sont penchés sur les habitudes quotidiennes du cachalot de Méditerranée en s’appuyant sur des robots sous-marins. Les informations glanées pourraient contribuer à la conservation et la protection de cette sous-population menacée.

Une espèce menacée

Avec moins de 2 500 individus à l’heure actuelle, le cachalot de Méditerranée est classé comme espèce menacée depuis 2006 en raison de diverses activités humaines (pollution, collisions avec les navires, prises accidentelles par des engins de pêche…). Pour mener cette étude récemment publiée dans la revue Endangered Species Research, des scientifiques de l’université d’East Anglia ont utilisé des robots sous-marins équipés de capteurs acoustiques pour enregistrer les sons émis par les cachalots, appelés « clics », sur des milliers de kilomètres d’océan.

Les cachalots utilisant des sons distincts pour l’écholocation et les interactions sociales, les chercheurs se sont concentrés sur les clics extrêmement puissants et hautement directionnels produits lors de la recherche de nourriture. Dans le cadre de cette activité occupant une grande partie de leur temps, les cachalots produisent ces clics typiques 60 % du temps, qui constituent ainsi un indicateur fiable de la présence de ces animaux, pouvant être identifiés sur une distance comprise entre 4 et 20 kilomètres à la ronde.

Les enregistrements collectés ont confirmé la présence étendue des cachalots dans le nord-ouest de la Méditerranée, et ont permis aux chercheurs d’identifier un potentiel « point chaud » dans le golfe du Lion. Le taux plus élevé de clics documenté dans cette région pourrait soit indiquer un nombre plus élevé de spécimens, soit représenter simplement un changement dans leur comportement. Les chercheurs ayant en effet constaté que les stratégies d’alimentation différaient largement d’une zone à l’autre.

L’un des robots utilisés par les chercheurs de l’université d’East Anglia

Des comportements complexes

Alors que les cétacés avaient tendance à chercher de la nourriture toute la journée dans la mer de Ligurie ainsi que dans la mer de Sardaigne, dans le golfe du Lion, l’activité acoustique montrait un schéma clair sur 24 heures, caractérisé par une diminution de la recherche de nourriture à l’aube, ce qui indique, selon les auteurs de l’étude, que les cachalots ont modifié leur schéma d’alimentation habituel dans cette région afin de s’adapter à la disponibilité des proies locales.

« Les informations sur l’écologie de la sous-population de cachalots de Méditerranée restent rares et ne répondent pas aux besoins des gestionnaires de la conservation et des décideurs politiques », estime Pierre Cauchy, auteur principal de l’étude. « L’augmentation des efforts d’observation, en particulier pendant les mois d’hiver, nous aidera à mieux comprendre l’utilisation de l’habitat, et à identifier les principaux habitats saisonniers pour permettre une gestion appropriée des activités de navigation et de pêche. »

En plus du schéma quotidien clair montrant que les cachalots adaptent leur stratégie de recherche de nourriture au comportement local de leurs proies, ces nouveaux travaux ont également mis en évidence un schéma géographique particulier durant la saison hivernale. Selon le professeur Karen Heywood, co-auteure de l’étude, cela démontre la nécessité d’utiliser des robots sous-marins pour surveiller les cachalots de Méditerranée pendant les mois d’hiver, pour lesquels les chercheurs déplorent un manque de données essentielles.

Mieux comprendre les habitudes des cachalots afin d’assurer leur conservation

« Notre capacité à observer avec succès la répartition des cachalots dans différentes zones géographiques du nord-ouest de la Méditerranée, à proximité des côtes et en pleine mer, a mis en évidence la complexité de leurs comportements, ainsi que de leur stratégie de recherche de nourriture et d’exploitation de leur habitat », souligne Heywood.

« Cette étude montre que l’ajout des capteurs acoustiques aux missions océanographiques existantes s’appuyant sur des robots sous-marins offre la possibilité d’une observation soutenue à long terme, qui améliorerait considérablement le suivi de la population de cachalots et la description de leurs comportements, ainsi que l’identification des habitats clefs et des interactions potentiellement néfastes avec les activités humaines », conclut la chercheuse.

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