Une organisation de défense des animaux à San Francisco fait preuve d’une attitude très douteuse. En effet, elle n’hésite pas à chasser les SDF avec… un robot autonome.

 

Un grand taux de pauvreté

San Francisco connaît un taux de pauvreté sans précédent. Avec 7499 S.D.F recensés dans les rues de la ville, « Frisco » est en proie à un nombre croissant de délits et d’incivilités qui pèsent sur les consciences. Pour autant, au lieu de penser à des mesures douces, une ONG, la « Society for the Prevention of Cruelty to Animals », emploie la manière forte pour faire déguerpir les sans-abri.

Déjà marqués par la vie (24 % des jeunes SDF de la ville souffrent de problèmes mentaux, 23 % d’entre eux ont subi des violences physiques…), les marginaux de la ville doivent désormais se confronter au K5, un robot de sécurité autonome produit par la société Knightscope. Selon le San Francisco Business Times, le robot est vu par la présidente de l’ONG comme un « moyen d’essayer de faire face au nombre croissant d’aiguilles, de cambriolages de voitures et de crimes qui semblaient émaner des campements de tentes des sans-abri à proximité ».

Une insurrection méritée ?

Équipé de lasers, de caméras, de capteurs thermiques et d’un GPS, ce robot est spécifiquement conçu pour servir aux côtés d’agents de sécurité. Quelle surprise donc, de le voir parader dans la rue, affublé de stickers de chatons et de chiots ! Une surprise qui n’a pas vraiment plu aux autorités.

La ville a en effet statué qu’une amende de 1 000 dollars par jour serait décernée à l’ONG si le robot continuait sa mission sur les trottoirs de la métropole. Non pas parce que le K5 maltraite des citoyens, mais tout simplement car l’organisation n’avait pas demandé de permis aux responsables de la régulation.

CERTAINES PERSONNES « ONT RECOUVERT LE ROBOT D’UNE BÂCHE, L’ONT RENVERSÉ ET ONT APPLIQUÉ DE LA SAUCE BARBECUE SUR TOUS SES CAPTEURS »

Les internautes, quant à eux, s’insurgent. Sur Twitter notamment, on critique les actions du robot, reflétant l’individualisme de notre société. Et dans le monde réel, l’indignation est remplacée par le vandalisme : certaines personnes ont « recouvert le robot d’une bâche, l’ont renversé et ont appliqué de la sauce barbecue sur tous ses capteurs ».

 

Une démarche douteuse 

Difficile de croire qu’un refuge pour les animaux soit capable de déployer un robot de sécurité pour garantir l’accès à ses locaux ! Et pourtant, Krista Maloney, responsable des relations presse, se défend. Selon elle, le personnel de l’ONG ne pouvait pas utiliser les trottoirs jouxtant le bâtiment en raison des nombreux campements de SDF. D’ailleurs, Mme Maloney se réjouit de la mise en marche de ce robot : après son démarrage il y a un mois, le nombre de campements aurait fortement diminué et le vol de voiture se serait raréfié.

Quant à la direction de Knightscope, société à l’origine du K5, elle semble embarrassée par le « bad-buzz » entourant son robot autonome : « Contrairement aux news sensationnalistes, Knightscope n’a pas été amené à débarrasser les environs de la SPCA des sans-abri. Knightscope a toutefois été déployé pour servir et protéger l’ONG. La SPCA a le droit de protéger ses biens, ses employés et ses visiteurs, et Knightscope se consacre à les aider à atteindre cet objectif ».

Si l’ONG a en effet le droit de protéger ses biens, l’usage d’un robot de sécurité pour le faire ne peut qu’être polémique. Avec ce genre de manoeuvres, notre société se rapproche encore un peu plus de la dystopie 1984 de George Orwell

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