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Image d’illustration — Calin Stan / Shutterstock.com

Les archéologues du projet Sikait ont mis au jour les vestiges d’un sanctuaire antique dans le sud-est de l’Égypte, renfermant les preuves d’un rituel jusqu’alors inconnu pratiqué par un ancien peuple nomade.

Le sanctuaire du faucon

Décrit dans l’American Journal of Archaeology, le bâtiment en question était l’un des plus importants du complexe nord de la ville de Berenice, dont le port constituait la principale porte d’entrée de la mer Rouge à l’époque romaine et byzantine. Fondée au IIIe siècle avant J.-C., la cité égyptienne avait été partiellement occupée et contrôlée par les Blemmyes durant la période romaine tardive (du IVe au VIe siècle de notre ère).

Les fouilles ont révélé que ce peuple semi-nomade de Nubiens avait été amené à utiliser le sanctuaire et à l’adapter à son propre système de croyance. Outre des harpons, des statuettes cubiques et des inscriptions faisant référence à des rois blemmyes, les chercheurs ont découvert une quinzaine de faucons (pour la plupart décapités) ainsi que des œufs.

« Si ces oiseaux étaient considérés comme sacrés par les anciens Égyptiens et que des faucons momifiés avaient été précédemment découverts sur d’autres sites du pays [notamment dans la vallée du Nil], il s’agissait exclusivement de spécimens individuels », explique l’archéologue Joan Oller.

Stèle comportant l’inscription « Il est inconvenant de faire bouillir une tête ici » — © K. Braulińska / O.E. Kaper /Oller Guzmán et al., American Journal of Archaeology 2022

L’équipe de recherche a également découvert une stèle comportant une inscription inhabituelle se lisant comme suit : « Il est inconvenant de faire bouillir une tête ici ». Selon Oller, cet avertissement diffère largement des messages qui étaient gravés sur ce type d’artefacts, se résumant généralement à des prières. « Cela indique que réaliser une telle action à l’intérieur du temple était considéré comme un blasphème », résume-t-il.

Un éclairage précieux

Dans leur ensemble, ces éléments suggèrent l’existence d’importantes activités rituelles mêlant traditions égyptiennes et contributions des Blemmyes, qui pourraient avoir potentiellement reposé sur une base religieuse liée au dieu égyptien de la lune Khonsou (signifiant « le Voyageur »), qui luttait initialement contre les forces des ténèbres aux côtés du pharaon.

« Elles contribuent à approfondir notre compréhension des Blemmyes, peuple semi-nomade qui vivait dans le désert oriental égyptien à l’époque du déclin de Rome », concluent les chercheurs.

Au cours des derniers mois, différents découvertes archéologiques ont été réalisées en Égypte, incluant un ancien temple dédié à Zeus ou la tombe d’un haut fonctionnaire sous Ramsès II.

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