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Certains requins auraient développé des comportements cannibales

Cette récente découverte démontre que même ce prédateur de premier plan n'est pas à l'abri de devenir une proie

Requin Taupe
— wildestanimal / Shutterstock.com

Un événement extraordinaire s’est déroulé dans les eaux au large des Bermudes : un grand requin-taupe commun en gestation a été englouti par un autre requin massif, potentiellement un grand requin blanc, marquant ainsi le premier cas documenté de ce genre. Cette découverte, rapportée par des chercheurs dans la revue Frontiers in Marine Science, a suscité l’étonnement dans la communauté scientifique. 

Un prédateur pas si indomptable

Le requin-taupe commun ou Maraîche (Lamna nasus), une espèce qui peut atteindre jusqu’à 3,6 mètres de long, est un prédateur redoutable de l’océan Atlantique Nord et des régions de l’hémisphère Sud, jusqu’à l’Antarctique. Ces requins sont connus pour leur corps musclé, aérodynamique, et leurs dents en forme de lance, qui leur confèrent une efficacité redoutable dans la chasse. Toutefois, cette récente découverte démontre que même ce prédateur de premier plan n’est pas à l’abri de devenir une proie.

En octobre 2020, une femelle requin-taupe en gestation a été équipée d’un dispositif de suivi composé d’un émetteur satellite et d’une balise d’archivage par satellite (PSAT) près de Cape Cod. Ce dispositif était censé fournir des données sur les déplacements et la profondeur à laquelle évoluait ce requin. Alors que l’émetteur satellite est conçu pour rester attaché en permanence, la balise PSAT se détache généralement après un an, offrant une mine d’informations sur les mouvements du requin.

Le requin-taupe commun suit généralement ses proies en changeant de profondeur tout au long de la journée. La balise PSAT enregistrait donc des données sur la pression et la température, permettant de suivre ses déplacements. Cependant, toute anomalie dans ces paramètres pourrait indiquer la mort de l’animal ou le détachement prématuré de la balise.

Un changement soudain de température

Pendant les premiers mois après son marquage, le requin a montré un comportement typique, nageant entre la surface et 100 mètres de profondeur. Cependant, à partir de décembre 2020, son comportement a changé, avec des plongées profondes atteignant jusqu’à 800 mètres durant la journée et une nage à environ 200 mètres de profondeur la nuit. Ce schéma s’est poursuivi alors que le requin se déplaçait vers le sud, atteignant les eaux autour des Bermudes.

Le 24 mars 2021, un changement brusque dans les enregistrements de température a été noté. Alors que le requin évoluait habituellement dans des eaux dont la température variait entre 6,4 et 23,52 degrés Celsius, la balise a soudainement capté des températures entre 16,4 et 24,72 degrés Celsius, malgré une profondeur similaire. Les chercheurs ont alors supposé que la balise se trouvait à l’intérieur de l’estomac d’un autre requin, car ces températures étaient plus chaudes que celles normalement observées à ces profondeurs.

requin
— © Sharkdiver.com / Wikimedia Commons

Un grand requin blanc en suspect principal

En se basant sur les données recueillies et les zones géographiques où vivent les grands requins capables de dévorer un requin-taupe commun, les chercheurs pensent que le prédateur était soit un grand requin blanc (Carcharodon carcharias), soit un requin-taupe bleu (Isurus oxyrinchus). Cependant, ils privilégient l’hypothèse du grand requin blanc, car la profondeur stable enregistrée par la balise après l’incident est caractéristique de ce dernier. Les requins-taupes bleus, quant à eux, sont connus pour effectuer des plongées rapides et profondes.

Cette découverte a des implications importantes pour la conservation du requin-taupe commun, une espèce déjà classée comme vulnérable par l’UICN en raison de la surpêche historique. La prédation d’un requin-taupe en gestation, telle que documentée ici, soulève des questions sur les interactions complexes entre les grands prédateurs marins. 

Brooke Anderson, biologiste des pêches marines et auteur principal de l’étude, a déclaré : « La prédation de l’un de nos requins-taupes communs en gestation a été une découverte inattendue. Nous pensons souvent que les grands requins sont des prédateurs de premier ordre. Mais grâce aux progrès technologiques, nous avons commencé à découvrir que les interactions entre les grands prédateurs pouvaient être encore plus complexes qu’on ne le pensait. » Par ailleurs, un requin nourrice mord une touriste dans cette vidéo incroyable.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: Live Science

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