Des scientifiques ont annoncé la redécouverte d’une taupe sud-africaine observée pour la dernière fois en 1936. Ce petit mammifère fouisseur est officiellement la 11e espèce perdue retrouvée dans le cadre du programme Re:wild.
Cryptochloris wintoni
Trouver la taupe dorée de Winton (Cryptochloris wintoni), affectionnant les zones arbustives arides et les rivages sablonneux, n’a pas été une mince affaire. Pour y parvenir, les scientifiques ont dû sonder quotidiennement jusqu’à 18 kilomètres d’habitat dunaire, dans l’optique d’identifier de l’ADN environnemental (ADNe). Laissé par les animaux au sein de l’environnement, celui-ci peut notamment être extrait de cellules cutanées, poils ou fluides corporels.
Si cette approche s’apparente au fait de rechercher une aiguille dans une botte de foin, tenter de capturer directement ces petits mammifères à l’ouïe aiguisée au sein d’une zone aussi vaste aurait constitué une entreprise encore plus ardue.
Persuadé que la taupe dorée de Winton se cachait quelque part sous les dunes sud-africaines, Cobus Theron a entraîné un chien renifleur à identifier les trois espèces de taupes dorées connues : la taupe dorée du Cap et la taupe dorée de Grant, communes, et la taupe dorée de Van Zyl, considérée comme menacée.
Lors d’une expédition à Port Nolloth en 2021, l’équipe est tombée sur des traces fraîches et des terriers. Jessie, le chien renifleur, ne s’est pas assis, indiquant qu’il s’agissait d’une espèce qu’il ne connaissait pas. L’analyse de plus d’une centaine d’échantillons de sol a permis de confirmer qu’il s’agissait bien de la taupe dorée de Winton, qui a par la suite pu être observée et photographiée à plusieurs reprises.
« J’étais convaincu que l’espèce n’était pas éteinte »
« Bien que de nombreuses personnes aient douté que la taupe dorée de Winton existe encore, j’étais convaincu que l’espèce n’était pas éteinte », explique Theron, membre de l’équipe de recherche et co-auteur de l’étude associée, publiée dans la revue Biodiversity and Conservation.
« Il suffisait juste de trouver la bonne méthode de détection, le bon moment et une équipe passionnée », poursuit le chercheur. « Aujourd’hui, nous avons résolu cette énigme en utilisant l’ADN environnemental qui offre d’énormes possibilités, non seulement pour les taupes, mais aussi pour d’autres espèces disparues ou en péril. »
À noter qu’il y a quelques semaines, une espèce rare d’échidné avait été filmée dans les montagnes d’Indonésie, plus de 60 ans après y avoir été officiellement vue pour la dernière fois.