Depuis plusieurs semaines, des températures anormalement élevées ont été observées en Sibérie. Ce samedi 20 juin, le seuil des 38 °C a été atteint dans la ville de Verkhoïansk. Cette chaleur inhabituelle est notamment liée à la formation d’un « dôme d’air chaud » en altitude, qui s’ajoute au réchauffement climatique, particulièrement important en Arctique.

Un « record absolu »

A Verkhoïansk, une ville située au nord du cercle polaire qui compte 1 300 habitants, les températures ont atteint ce samedi le record de 38 °C. Il s’agit d’un record depuis le début du recensement des températures en 1885, le précédent record de température ayant été atteint le 25 juillet 1988, avec 37,3 degrés Celsius. En hiver, le mercure peut descendre à -70 °C dans cette région très froide.

En France, Étienne Kapikian, prévisionniste à Météo-France, a déclaré : « Si cette valeur est correcte, ce serait non seulement un record absolu à la station (37,3 °C, 25/07/1988), mais aussi la température la plus élevée jamais observée au nord du cercle polaire arctique ! »

Jeff Berardelli, météorologue sur la chaîne américaine CBS News, a réagi en commentant : « Ce qu’il se passe en Sibérie cette année est tout simplement remarquable. Le genre de temps que nous attendions d’ici 2100, qui arrive 80 ans plus tôt. Pour remettre cette donnée en perspective, Miami n’a atteint cette température qu’une seule fois. »

Un dôme d’air chaud comme responsable

Cette hausse des températures est liée à un phénomène atmosphérique très particulier, à savoir la formation d’un dôme d’air chaud. « Cette situation s’explique par la mise en place d’un dôme anticyclonique chaud en altitude, situation météo typique des canicules, visible sous forme de bulle rouge foncé tenace », a expliqué Gaétan Heymes, ingénieur à Météo-France, sur Twitter. Cela a eu pour conséquence d’entraîner une moyenne des températures de 10 à 15 degrés depuis le mois de janvier. « L’Arctique normalement est couvert de glace qui est blanche et réfléchit le soleil, affirme Xavier Feitweis, climatologue à l’ULG. Si la glace fond, cela fait apparaître l’océan, qui est noir, et ça ne fait que réchauffer encore plus l’Arctique. »

À noter que le début de la saison de la fonte des glaces au Groenland a été enregistré le 13 mai, selon l’Institut météorologique danois (DMI), soit avec « près de deux semaines d’avance » par rapport à la date habituelle.

— Rubeus Olivander / Shutterstock.com

La Sibérie en première ligne du réchauffement climatique

Ces vagues de chaleur exceptionnelles provoquent la fonte du pergélisol et des feux de forêts dévastateurs, ce qui alarme l’ONU. Celle-ci a ainsi déclaré : « Les températures du mois de mai en Sibérie étaient jusqu’à 10 °C au-dessus de la moyenne à partir de laquelle le permafrost commence à fondre. » Elle ajoute que « la Sibérie subit les effets du changement climatique encore plus vite que la moyenne sur Terre ».

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Des températures de plus de 10 degrés Celsius au-dessus des normales de saison ont été relevées à certains endroits. Par exemple, Kathanga, une ville au nord du cercle polaire, a enregistré une température de 25,4 degrés Celsius au mois de mai, contre une moyenne de zéro degré à cette période.

Ce temps chaud et sec persistant alimente des feux de forêts. L’été dernier, la Russie avait fait face à l’un des plus grands incendies de l’histoire du pays avec la destruction de près de 3 millions d’hectares de forêt boréale en Sibérie. Actuellement, dans la République de Sakha, plus de 275 000 ha ont brûlé, selon Avialesokhrana, l’agence gouvernementale qui surveille les feux de forêt.

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