Les ours polaires sont encore plus menacés par le réchauffement climatique que nous le pensions. La faute à un métabolisme requérant plus d’énergie que prévu et à une population de phoques qui se raréfie.

 

Neuf femelles suivies en Arctique

Vous vous souvenez très probablement de cette vidéo, publiée par National Geographic, qui montrait un ours polaire à l’article de la mort. À l’origine de ces douloureuses images ? Le réchauffement climatique, qui prive ces énormes mammifères de nourriture et d’endroits où s’installer. Pour prouver les effets néfastes de cette catastrophe mondiale, une équipe de scientifiques ont suivi 9 femelles dans la mer de Beaufort, située au coeur de l’Arctique.

L’étude s’est déroulée en avril 2017, début de la période durant laquelle les ours polaires sont censés chasser le phoque et ainsi emmagasiner de la graisse pour le reste de l’année. Dans un premier temps, les chercheurs ont capturé 9 femelles. Ils leur ont ensuite prélevé du sang et de l’urine, puis les ont équipé de colliers GPS disposant de caméras. 8 à 11 jours plus tard, les spécialistes ont récupéré les spécimens pour collecter les nouvelles données.

 

« Des besoins énergétiques beaucoup plus élevés que prévu »

« Nous avons découvert que les ours polaires ont en réalité des besoins énergétiques beaucoup plus élevés que prévu », explique Anthony Pagano, principal auteur de l’étude publiée dans la revue Science. D’après cette dernière, les mammifères suivis dépensaient 12 325 calories par jour, la plupart d’entre elles provenant des réserves stockées. Ce qui rend encore plus difficile la survie de ces ours polaires, qui doivent consommer toujours plus d’énergie pour trouver une nourriture de plus en plus rare. « Puisque la glace fond de plus en plus tôt, les ours polaires doivent nager de plus en plus pour atteindre les phoques », affirme Blaine Griffen, biologiste à l’université Brigham Young.

En l’espace de 8 à 11 jours, quatre des spécimens étudiés avaient perdu 10 % ou plus de leur masse corporelle totale. L’un d’entre eux a même perdu 22 % de son poids après avoir nagé 685 kilomètres en l’espace de 9 jours ! Ce qui a, de surcroît, provoqué la perte de son ourson.

Depuis toujours, la technique de chasse d’un ours polaire consiste à attendre pendant des heures qu’un phoque sorte la tête de l’eau, pour ensuite l’étourdir en le frappant de ses deux pattes. Puis l’ours le mord à la gorge et le trainait sur la glace qu’il avait élu comme aire de repos. En usant de cette méthode, les ours polaires dépensent très peu de calories. La communauté scientifique pensait également que les ours polaires pouvait ralentir leur métabolisme lorsqu’il ne trouvait pas de phoque.

Mais à cause du réchauffement climatique, qui fait fondre la glace et fait disparaître les phoques, le mammifère doit désormais parcourir d’énormes distances pour trouver de la nourriture. Une distance qui provoque un amaigrissement conséquent de l’espèce et des besoins énergétiques 60 % plus importants que les chercheurs ne l’imaginaient.

 

Une espèce sur la voie de l’extinction

L’ours polaire est grandement menacé par le réchauffement climatique. Son habitat principal, la glace, fond à vitesse grand V. « À travers l’Arctique, la glace diminue de 14 % par décennie, ce qui va probablement réduire l’accès des ours à leurs proies », peut-on apprendre dans l’étude. L’Arctique se réchauffe deux fois plus rapidement que le reste de la planète.

Selon l’Institut d’études géologiques des États-Unis (USGS), la population d’ours polaires a quant à elle diminué de 40 %. L’espèce est classée comme « vulnérable » sur la liste de l’Union internationale pour la conservation de la nature. Steven Amstrup, scientifique en chef de l’organisation Polar Bear International, affirme : « La seule solution pour la survie de l’ours polaire est de s’attaquer directement au réchauffement climatique ». Une citation qui doit absolument inspirer les chefs d’État de la planète…

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