Aux Etats-Unis, de récentes études réalisées durant plus de quarante ans sur plusieurs dizaines de milliers d’oiseaux migrateurs établissent un lien entre la taille de ces animaux et le réchauffement climatique. Ils seraient effectivement très sensibles aux températures, au point de subir des modifications corporelles.

DES MODIFICATIONS CORPORELLES CHEZ LES OISEAUX

Voici le constat établi après plus de quarante années d’études réalisées par des chercheurs du Fields Museum de Chicago, accompagnés de bénévoles : les oiseaux subissent depuis plusieurs années des modifications corporelles.

Depuis 1978, chaque jour de printemps et d’automne, Dave Willard se lève à 3h30 du matin afin de ramasser des oiseaux morts tombés sur le bitume après s’être écrasés contre les bâtiments de la ville de Chicago. « J’ai récupéré ces oiseaux par curiosité, un matin, et je me suis mis à enregistrer leurs caractéristiques comme leur taille, leur masse, la longueur de leurs pattes », a-t-il expliqué. Au total, il a récupéré 70 716 spécimens issus de 52 espèces d’oiseaux migrateurs d’Amérique du Nord, tels que la grive solitaire, la grive à dos olive, le junco ardoisé et le bruant des marais.

Les résultats ont été publiés au début du mois de décembre dans le journal Ecology Letters. Cette étude a porté ses fruits : après avoir analysé les différentes données, les spécialistes ont remarqué que la morphologie des oiseaux migrateurs avait évolué ces dernières années. Alors que leur taille a diminué, leurs ailes se sont allongées, afin de compenser cette faiblesse corporelle et leur permettre de voler efficacement en période de migration.

— Laura Mountainspring / Shutterstock.com

2,6 % DE MASSE CORPORELLE EN MOINS

Les mesures faites entre 1978 et 2016 révèlent que la masse corporelle de ces oiseaux a diminué de 2,6 %. Alors que la longueur des os des pattes a rapetissé de 2,4 %, la longueur de leurs ailes a augmenté de 1,3 %. « Nous avons constaté que presque toutes les espèces étaient de plus en plus petites. Les espèces étaient assez diverses, mais réagissaient de la même manière. La constante était choquante », explique le professeur Brian, auteur principal de cette étude.

« C’est une question de millimètres, de dizaines de millimètres – ce n’est pas quelque chose que vous pouvez remarquer sans que des analyses soient faites », poursuit dans un communiqué Dave Willard.

DES VARIATIONS CORPORELLES LIÉES AU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE

Les chercheurs ne semblent pourtant pas étonnés concernant ces modifications. Le rétrécissement de la masse corporelle des oiseaux serait causé par la température dans les zones de reproduction. Lorsque la température moyenne baisse, la masse corporelle des oiseaux augmente. De plus, une corpulence plus grande conserverait mieux la chaleur. Au contraire, en période de forte chaleur, elle diminue. L’augmentation de la taille de leurs ailes permettrait donc de compenser la baisse de masse corporelle durant le vol migratoire. Ce phénomène porte le nom de Bergmann. « Ces résultats sont optimistes, car ils prouvent que les animaux sont capables de résilience et s’adaptent dans des conditions de changement rapide », explique Brian Weeks. Afin de s’adapter, les oiseaux modifient leur zone de répartition, la migration, la naissance puis leur taille.

Dans le Wall Street Journal, les scientifiques expliquent que les oiseaux migrateurs sont régulièrement confrontés à de nombreux risques, souvent liés aux changements climatiques. Ces risques affectent surtout leur croissance. Parmi eux : la disparition de leur lieu de nidification, la diminution des sources de nourriture, l’utilisation de pesticides, les chats domestiques, qui en tuent près de 3 milliards par an, mais également les collisions avec les bâtiments. Depuis les années 1970, 29 %, soit 3 milliards des oiseaux ont disparu en Amérique et au Canada.

Par ailleurs, au mois de mars, des chercheurs d’Afrique du Sud ont établi le même constat après avoir étudié le poids de la bergeronnette à longue queue. Cet oiseau est devenu plus léger entre 1976 et 1999, tandis que les températures avaient augmenté de 0,18 degré. Plus récemment, au cours du mois de novembre, des chercheurs australiens ont également étudié les changements corporels chez 83 espèces d’oiseaux. Ils ont pu constater que ceux-ci rétrécissaient à cause du réchauffement climatique et de la hausse des températures de 0,012 degré dans cette région.

Néanmoins, si les données semblent bien prouver que les oiseaux rétrécissent à cause du réchauffement climatique, les chercheurs ne sont pas encore certains d’en expliquer les raisons exactes. Brian Weeks explique que le rétrécissement des oiseaux est synonyme d’une perte d’énergie au cours des migrations. Avec des ailes plus longues, ils pourraient donc augmenter leurs chances de survie lors des vols. De plus, les petits animaux ont plus de facilité à se rafraîchir et évacuer la chaleur de leur corps lorsque les températures sont très élevées. Une technique efficace pour lutter contre le réchauffement climatique.

Mais, les oiseaux ne sont pas les seuls animaux à rétrécir à cause du réchauffement climatique. En effet, d’autres études ont montré que les chèvres alpines ou encore les salamandres rétrécissent alors que les températures augmentent.

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