La Chine et les Etats-Unis, les deux plus gros émetteurs de carbone au monde, ont enfin signé l’accord de Paris sur le climat le 3 septembre 2016. C’est bien, mais les dernières observations scientifiques restent très alarmantes. Car le mois de septembre a également vu la concentration de dioxyde de carbone dans l’atmosphère stagner au-dessus du seuil symbolique des 400 parties par million (ppm). Un record inquiétant.
L’accord de Paris sur le climat prévoit de contenir le réchauffement climatique sous les 2°C par rapport à l’ère préindustrielle (fin XIXe siècle). Cependant, la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) informe dans son rapport que la concentration de dioxyde de carbone n’est pas retombée sous la barre des 400ppm. Ralph Keeling, professeur à l’Institut Océanographique Scripps, annonce qu’il ne faut pas compter sur une amélioration pour le mois de novembre. Pire : les 410ppm pourraient être atteints, et il est fort peu probable que nous repassions sous les 400ppm un jour.
Lorsqu’on compare les chiffres actuels avec ceux de l’ère préindustrielle, le constat est désastreux : la concentration atmosphérique en dioxyde de carbone a augmenté de 43%. Si nous traversons aujourd’hui une période interglaciaire à la température naturellement plus élevée, le réchauffement climatique progresse 10 fois plus vite qu’en temps normal, et les 2°C pourraient être atteints dès la fin du siècle. D’ici 2100, la concentration en dioxyde de carbone de l’atmosphère aura doublé par rapport à la fin du XIXe siècle, avec 560ppm, si elle n’entraîne pas carrément une hausse des températures de 9°C. En effet, les océans pourront de moins en moins jouer leur rôle majeur de stockage du dioxyde de carbone. Sans eux, la planète se réchaufferait 360 fois plus vite.
Un tel réchauffement climatique entraînerait une chaîne de catastrophes écologiques et humaines à l’échelle mondiale : problèmes de production de nourriture, migrations massives, effondrement de l’économie, élévation du niveau de la mer et submersion des villes côtières…
Faut-il accepter ces chiffres comme une fatalité ? Il s’avère que l’étape la plus difficile consiste finalement à changer des habitudes de production énergétique établies depuis des siècles. Car si les Etats-Unis installaient des éoliennes sur une surface équivalente à Rhode Island, si l’Indonésie utilisait la chaleur de ses volcans, et si l’énergie nucléaire était associée à des sources d’énergie renouvelable, la majorité des pays du monde serait largement approvisionnée en énergie propre.
Bien que des sonnettes d’alarme soient régulièrement tirées, certains voient encore la question du réchauffement planétaire comme un vaste complot, à l’instar de Donald Trump, candidat à la présidentielle des Etats-Unis. Peut-être faudrait-il donc déjà commencer par prendre le problème au sérieux, et respecter ces fameux accords de Paris… dont les effets ne se feront pas sentir avant plusieurs décennies.
Par Séranne Piazzi, le
Source: IFL Science
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