Aller au contenu principal

Le réchauffement rapide du bassin Indo-Pacifique bouleverse les cycles de pluie du monde entier

Ces bouleversements touchent les moussons, cyclones et inondations du globe, affectant la vie de milliards de personnes

— Aloneontheroad / Shutterstock.com

Les résultats d’une étude de la NOAA – National Oceanic and Atmospheric Administration, une agence du gouvernement américain suivant les évolutions climatiques mondiales — publiée dans la revue Nature indiquent que le réchauffement du bassin Indo-Pacifique, à la croisée des océans Indien et Pacifique, bouleverse les cycles de précipitations autour du monde. 

Le bassin à la jonction entre les océans Indien et Pacifique se réchauffe de plus en plus vite

À la bordure du Pacifique Ouest et de l’est de l’océan Indien, une zone chaude s’étend à un rythme beaucoup plus soutenu que les scientifiques ne le pensaient : entre 1900 et 2018, cette région s’étendait en moyenne de 230 000 km2 par an — mais entre 1981 et 2018, le rythme a presque doublé avec une expansion de 400 000 km2 par an. Les émissions de gaz à effet de serre, menant au réchauffement global de la planète, sont directement mises en cause par les chercheurs. 

Ce bassin océanique chaud est déterminant dans le comportement de l’oscillation Madden-Julian, un bandeau de nuages gorgés de pluie poussés vers l’est et qui fait le tour du monde, au-dessus de l’équateur, en un délai entre 30 et 60 jours, influençant le cours des moussons en Inde, les inondations et sécheresses au sud des Etats-Unis…

Dans cette vidéo éducative produite par le gouvernement australien, vous pouvez voir comment l’oscillation Madden-Julian (ou MJO) a une influence non seulement sur le climat de la région, mais aussi sur le climat tout le long de l’équateur [en anglais].

L’étude rappelle que le MJO alimente le courant El Niño, les cyclones tropicaux, les moussons autour du monde et contribue à des épisodes climatiques extrêmes touchant l’Asie, l’Australie, l’Afrique, l’Europe et les Amériques. 

© YouTube

Le MJO, bouleversé, fait la pluie et le beau temps autour du globe

Les chercheurs de la NOAA expliquent le rôle déterminant du MJO dans le cycle des précipitations mondiales, et l’importance de découvrir ce qui lie le réchauffement du bassin Indo-Pacifique et le MJO : « NOAA fait partie d’efforts internationaux coordonnés pour étendre la couverture de relevés météorologiques précis sur deux à quatre semaines et le MJO est un des facteurs les plus importants dans le succès de cette entreprise. Notre recherche fournit un étalon fondamental pour déterminer à quel modèle informatique se fier pour des relevés de périodes étendues, basé sur leur capacité à simuler la manière dont, dans les faits, le MJO modifie le climat. »

C’est la première fois que les effets du MJO sont étudiés si précisément. Si la région de jonction entre les océans Pacifique et Indien s’est réchauffée, les eaux les plus chaudes se trouvent dans le Pacifique Ouest, ce qui crée un contraste de température : une vague d’humidité se dirige alors depuis l’océan Indien en direction de l’ouest, provoquant la création nuageuse.

Les chercheurs expliquent que les cycle de vie du MJO en ont été altérés : « Nous montrons dans cette étude que le réchauffement rapide des océans tropicaux entre 1981 et 2018 a troublé le cycle de vie du MJO, qui stationne 3-4 jours de moins au-dessus de l’océan Indien [passant de 19 à 15 jours], et reste 5-6 jours de plus au-dessus du continent maritime Indo-Pacifique. » 

De ce fait, l’étude mentionne un déclin dans les précipitations du Pacifique central, sur les côtes Ouest et Est des Etats-Unis, l’Inde du Nord, l’Afrique de l’Est et le bassin du Yangtze en Chine. Les mêmes mutations provoquent une augmentation des pluies sur le nord de l’Australie, le bassin amazonien, l’Afrique du Sud-Ouest et l’Asie du Sud-Est. 

Les chercheurs se préparent déjà à adapter leurs prévisions à l’accroissement attendu des températures à l’avenir : « Les simulations climatiques indiquent qu’un réchauffement continu du bassin Indo-Pacifique est hautement probable, ce qui devrait accentuer les mutations dans les cycles de pluies à l’échelle mondiale », explique Roxy Mathew Koll à phys.org, à la tête de l’étude.

« Cela signifie que nous devons affiner l’ensemble de nos moyens d’observations de l’océan pour enregistrer ces évolutions précisément, et en permanence actualiser nos modèles de prévisions climatiques, afin d’être prêts à répondre aux défis présentés par un monde qui se réchauffe. »

Par Victor Chevet, le

Source: Phys.org

Étiquettes: , , ,

Catégories: ,

Partager cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *