Les feux de forêt sont souvent provoqués à cause de mégots abandonnés ou d’une chaleur excessive, mais on sait moins qu’ils peuvent être provoqués volontairement par un animal. C’est ce qu’affirment des scientifiques australiens après avoir observé des variétés de rapaces qui auraient appris à maîtriser le feu pour plus facilement trouver des proies.

 

QUEL EST L’OISEAU CAPABLE D’UN TEL MÉFAIT ?

Dans la nature, seules trois variétés de rapace sont connues pour se servir du feu : le milan noir (Milvus migrans), le milan siffleur (Haliastur sphenurus) et le faucon bérigora (Falco berigora). Mais c’est bien le milan noir qui fait le plus de ravages. Présent un peu partout sur la planète sauf sur le continent américain, cet oiseau migrateur qui n’est pas réellement noir peut manger tout ce qu’il trouve : charognes de poissons, déchets alimentaires, rongeurs, petits oiseaux…

En Europe, il fait partie des espèces protégées mais il n’est pas menacé de disparition. Pourtant, il est redoutable à la fois pour les animaux et pour l’Homme car il propage volontairement des incendies. Pour accomplir son œuvre, le milan noir repère tout d’abord un incendie, et plus particulièrement des branches ou des herbes enflammées. Il se jette alors sur ces « proies », s’enfuit en emportant le feu et relâche le tout un peu plus loin dans une zone non affectée.

 

PYROMANE POUR UNE BONNE RAISON ?

Cette tactique fait partie de leur mode de chasse : à cause du feu, les animaux fuient et sont alors dévorés par le rapace. Il peut aussi se nourrir des animaux morts brûlés. Le milan noir n’est donc pas pyromane pour le plaisir mais bien pour trouver plus facilement à manger. C’est ce qui ressort d’une étude menée par des chercheurs australiens et publiée dans le Journal of Ethnobiology.

Pour mener à bien ces recherches, les scientifiques ont tout d’abord analysé 20 observations provenant d’un territoire situé au Nord de l’Australie faisant 2 500 km sur 1 000 km. Ils se sont aussi appuyés sur des témoignages d’aborigènes ayant vu les rapaces mettre le feu à des terres préservées.

 

LES OISEAUX, TROISIÈME CAUSE D’INCENDIE EN AUSTRALIE

Ce comportement de la part des oiseaux est d’ailleurs observé depuis plusieurs décennies : un aborigène a confié en 1962 avoir vu « un faucon ramasser un bâton fumant dans ses griffes et le laisser tomber dans une nouvelle parcelle d’herbe sèche à un demi-mile [800 m], puis attendre avec ses compagnons l’exode fou de rongeurs et de reptiles brûlés et effrayés ». De nombreux mythes parlent également de ce « pouvoir » que maitrisent les rapaces.

S’il a déjà été évoqué en 2016 par l’ornithologue Bob Gosford, l’affirmation avait laissé perplexe les spécialistes. Selon eux, un animal ne pouvait pas intentionnellement provoquer un incendie. Mais la même année, deux chercheurs (Robert Gosford et Mark Bonta), expliquaient que « Certains rapaces relancent des feux éteints ou déplacent des feux à travers des barrières qui pourraient autrement entraver la propagation du feu ».

Avec cette affirmation, les rapaces deviennent la 3e cause d’incendie en Australie derrière l’Homme et la foudre. Un comportement qui peut être dangereux pour les populations mais qui ne pourra être changé car il est désormais inscrit dans le patrimoine de ces étonnants chasseurs.

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