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Quand un lézard fait repousser sa queue, il en subit aussi les conséquences

Le processus est très loin d'être anodin

Une nouvelle étude coordonnée par des chercheurs australiens et suédois révèle que la régénération cellulaire n’est pas un processus anodin et dénué de conséquences. Fascinant de prime abord, source d’inspiration pour de potentiels soins aux humains, il convient de s’y intéresser de plus près pour déterminer sa réelle faisabilité.

Des effets sur le métabolisme ?

D’après l’étude publiée le 10 juillet 2019 dans la revue Biology Letters, oui, des conséquences d’ampleur ont lieu sur le métabolisme du lézard. Capable de rompre avec sa queue dans le but d’échapper aux prédateurs, le lézard dispose d’un réflexe de défense très intéressant. Ce processus s’appelle l’autotomie, et peut s’observer chez la majorité des lézards. Dans les faits, le reptile choisit de se séparer de sa queue dans le but d’échapper à ses prédateurs, le tout en la faisant gigoter pendant quelques instants afin de lui donner une porte de sortie. C’est un véritable sacrifice d’organe qui s’effectue en contractant des muscles qui sont emboîtés dans des cônes, qui se sépareront avec une netteté bluffante. La colonne vertébrale sera notamment brisée.

Si ce processus est tout bonnement fascinant, la queue qui repoussera sera différente. D’ailleurs, en cas de nouvelle attaque d’un prédateur, le lézard pourra la briser de nouveau, mais seulement dans la vieille partie, qui n’est donc pas nouvelle. Quand cette nouvelle partie du corps repousse, la division cellulaire augmente et le métabolisme est totalement modifié. Les chercheurs se sont intéressés aux risques que pourrait encourir l’animal, dans ce cas précis. Ils se sont alors penchés sur les lézards de l’espèce Niveoscincus ocellatus. Les télomères, des morceaux d’ADN qui sont situés à l’extrémité des chromosomes, sont radicalement modifiés.

En évaluant avec précision leur taille, qui est évolutive, ils ont notamment pu mesurer la quantité d’espèces réactives de l’oxygène, en rapport avec le métabolisme du lézard. D’après les chercheuses Camille Migdal et Mireille Serre du site Médecine/Sciences, “si elles sont trop nombreuses par rapport aux capacités cellulaires antioxydantes, alors un déséquilibre se crée et engendre du stress oxydant”.

L’animal est directement touché

En effet, en perdant sa queue et en cherchant à la faire repousser, la division cellulaire du lézard est en forte hausse. De plus, comme dit ci-dessus, cette modification métabolique va engendrer du stress oxydant. Les télomères seront en définitive endommagés.

Les scientifiques et auteurs de l’étude expliquent d’ailleurs : “Ce changement dans la ‘maintenance’ des télomères démontre donc un coût potentiel à long terme pour la régénération de la queue au-delà de la repousse du tissu lui-même.” Le phénomène est donc coûteux pour l’animal, qui peut d’ailleurs toucher négativement d’autres secteurs comme sa croissance, sa capacité de reproduction, sa survie ou encore son système immunitaire.

Kichigin / Shutterstock.com

Également, quand la nouvelle queue repousse, à partir de l’emplacement où la première s’est détachée, ce ne sont pas des vertèbres mais bien un tube cartilagineux qui vient se greffer. Les nouveaux vaisseaux sanguins à l’intérieur ne présenteront d’ailleurs pas de sphincters. Pour rappel, le lézard n’est pas le seul animal à se régénérer, on peut citer quelques poissons, comme le poisson-zèbre, capables de réparer des nageoires amputées. Chez les invertébrés, cette capacité de régénération est encore plus fréquente, comme chez certains mollusques.

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