De récentes analyses ont montré que la « peau vivante » recouvrant une grande partie de la Grande Muraille de Chine contribuait à ralentir significativement sa dégradation.
Peau vivante
Construite et reconstruite à de nombreuses reprises entre 200 avant J.-C. et l’ère Ming (1368 à 1644), la Grande Muraille de Chine fait partie des sept merveilles du monde. Alors qu’elle s’étendait autrefois sur plus de 8 800 kilomètres, on estime aujourd’hui que moins de 6 % de sa longueur totale est encore bien conservée, plus de la moitié ayant disparu ou s’étant gravement détériorée.
Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Science Advances, Bo Xiao, de l’université agronomique de Chine, et ses collègues ont prélevé des échantillons de terre battue (impliquant le compactage de matériaux naturels tels que la terre et le gravier) sur un tronçon d’environ 600 kilomètres de muraille, dont plus de deux tiers étaient recouverts de la fameuse biocroûte.
Les analyses réalisées ont montré que cette couche de lichens, de mousses et de cyanobactéries contribuait à la renforcer et à la protéger des éléments (humidité, vent…) et des températures extrêmes. Selon l’équipe, les sections concernées étaient globalement moins poreuses, avec une capacité de rétention d’eau, une érodabilité et une salinité réduites et présentaient une résistance accrue à diverses formes d’agression mécanique.
Biocrusts on Great Wall of China found to be protecting it from #erosion @ScienceAdvances https://t.co/4SmM05ml4x https://t.co/GMNafdoIu6
— Phys.org (@physorg_com) December 11, 2023
« La biomasse dense à la surface des biocroûtes sert de couche anti-infiltration, entraînant le blocage des pores du sol reliant la surface au substrat plus profond et réduisant ainsi la porosité et la capacité de rétention d’eau, ce qui contribue à maintenir un environnement sec à l’intérieur de la structure patrimoniale », détaillent les auteurs de l’étude.
Des implications pour la conservation du patrimoine mondial
De telles découvertes bouleversent notre perception du rôle de la végétation se développant sur les structures anciennes (en particulier celles faites en grande partie de terre battue), que l’on pensait généralement néfaste à leur conservation.
« Les biocroûtes offrent des avantages significatifs par rapport aux mesures de protection conventionnelles », souligne Xiao. « Elles servent de stabilisateurs, de consolidateurs, de couches sacrificielles et de toits drainants, et constituent une stratégie naturelle, rentable, écologique et durable. »
En 2020, des chercheurs avaient identifié une section oubliée de cet ouvrage monumental, dont la construction aurait coûté la vie à des millions d’ouvriers.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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