De récentes analyses ADN ont montré qu’au début de l’âge du bronze, les Syriens avaient croisé des ânes domestiques et des ânes sauvages afin de créer des hybrides très prisés, démontrant ainsi une maîtrise avancée des techniques d’élevage.
Des analyses ADN révélatrices
Au milieu des années 2000, les squelettes complets de 25 animaux avaient été découverts dans un complexe funéraire royal vieux de 4 500 ans, appelé Tell Umm el-Marra, dans le nord de la Syrie. En dépit de proportions différentes, les os étudiés s’avéraient similaires à ceux des chevaux, n’ayant été introduits dans la région qu’environ cinq siècles plus tard, ce qui n’avait pas manqué d’interpeller les chercheurs.
Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Science Advances, Eva-Maria Geigl et ses collègues de l’université de Paris ont procédé à leur séquençage ADN et l’ont comparé aux génomes d’autres espèces de chevaux de la région.
Il s’est avéré qu’ils s’agissait d’hybrides d’ânes domestiques et d’ânes sauvages syriens, s’étant éteints au siècle dernier et dont l’ADN a pu être séquencé grâce à des spécimens de dents et de poils datant du XIXe siècle conservés dans un zoo autrichien, ainsi qu’un os vieux de 11 000 ans mis au jour en Turquie. Ces mystérieuses créatures étaient vraisemblablement des « kungas », morphologiquement assez proches des chevaux mais pourvus d’une queue typique des ânes, apparaissant sur des sceaux royaux du début de l’âge du bronze en Syrie et en Mésopotamie.
Selon les tablettes d’argile de l’époque, les kungas étaient très prisés et coûtaient six fois plus cher que les ânes. Utilisés pour tirer les véhicules royaux et les chariots de guerre, ceux-ci servaient également de dot pour les mariages.
Un bon compromis
Geigl pense que les habitants de la région ont peut-être commencé à croiser des ânes avec des ânes sauvages syriens après les avoir vus s’accoupler par hasard et produire des descendants présentant des caractéristiques recherchées.
« Les ânes sont réputés pour être faciles à vivre mais se révélaient trop lents pour les champs de bataille, tandis que les ânes sauvages syriens étaient rapides mais trop agressifs pour être apprivoisés, faisant du kunga un bon compromis », explique la chercheuse. « Toutefois, les faire se reproduire n’aurait pas été facile car il aurait fallu des stratégies spéciales pour capturer les ânes sauvages syriens, qui étaient très rapides, et les amener aux ânesses afin qu’elles puissent produire des hybrides. »
« Une fois que les chevaux ont été introduits dans la région, il y a environ 4 000 ans, l’élevage des kungas a probablement cessé car les chevaux pouvaient remplir les mêmes rôles et se reproduire seuls », explique Andy Bennett, co-auteur de l’étude. « Les kungas n’étaient tout simplement pas aussi efficaces qu’eux. »
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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