Un quatuor pouvant peut-être paraître curieux de prime abord, mais qui occupe pleinement le champ de l’actualité. Les suprises qui ont entouré l’irruption du Covid-19 dans notre contrée ont, entre autres, mis à l’honneur la notion de télétravail, laquelle s’appuie largement sur l’informatique. La physionomie du monde professionnel risque de s’en retrouver changée du tout au tout.

Ce qu’étaient le télétravail et le travail à domicile

La plupart des Français identifient absolument « télétravail » d’un côté et « travail à domicile » (il serait possible de trouver une expression équivalente) de l’autre.

Ce sont pourtant deux choses essentiellement différentes au départ, quoiqu’elles se rejoignent bien souvent de nos jours. Expliquons-nous.

Le travail chez soi a longtemps été la norme, un fait majoritaire dans le monde entier. L’artisan dans son atelier, le paysan sur sa propriété, l’institutrice avec son logement de fonction, le gardien de passage à niveau ferroviaire, le petit commerçant ou l’hôtelier habitant sur place… Or, ici, il n’y a point de télétravail, par absence de tout l’environnement virtuel ou informatique que suppose le préfixe « télé- ».

Ce n’est qu’avec de nombreux bouleversements sociaux, économiques et politiques (révolutions, naissance et boulimie de l’État, etc.) que le salariat s’est développé pour devenir majoritaire. Fait notable : au siècle dernier, le modèle salarial était d’ailleurs tout-puissant, aussi bien dans le monde communiste que dans le monde dit « libre ».

Inversement, le télétravail ne rime pas toujours avec « travail chez soi », car certains télétravailleurs apprécient, que ce soit ponctuellement ou couramment, de travailler dans un bureau extérieur à leur domicile (entreprise amie, espace de coworking…).

L’élargissement du télétravail

Le télétravail existait bien avant les confinements de 2020 et 2021 (en attendant les prochains ?). Des départements ruraux éloignés des grandes métropoles appuyaient d’ailleurs leur communication desssus, à l’exemple du Gers. Il pouvait cependant paraître anecdotique.

On le rencontrait plus fréquemment chez les « freelance », avec éventuellement des passages en entreprise selon les missions. Ces indépendants pouvaient et peuvent exercer en leur nom propre, comme passer par une société de portage salarial (Cegelem par exemple) s’ils souhaitent bénéficier des avantages du statut de salarié (droits maternité, meilleure pension de retraite ou assurance chômage notamment).

Les domaines d’activité concernés étaient variés, mais on retrouve beaucoup d’activités liées de près ou de loin à l’informatique, de cas de pluriactivité, de métiers tournant autour du conseil (consultants…) et des services pouvant être dématérialisés/délocalisés.

La nouveauté de l’an 2000, ce fut d’élargir très brusquement le spectre des métiers couverts par le télétravail. Les branches exigeant une présence physique souffrirent beaucoup (usines, fabriques…), faute de pouvoir bénéficier de cette solution de repli.

En revanche, des secteurs jusque-là largement étrangers au télétravail, comme la banque, la finance, la fonction publique, les sièges sociaux des grandes entreprises, etc., se sont mis à l’heure du télétravail. Certains travailleurs n’ont pas apprécié cette expérience, car ils ne l’ont pas toujours vécue dans des conditions optimales quant à l’équipement et à l’espace de vie disponible à domicile, mais d’autres en gardent un excellent souvenir. Ce sont parfois des entreprises entières qui y ont pris goût !

Les incertitudes juridiques du moment

Beaucoup espéraient un retour à la normale, définitif, dès l’été 2020. Que nenni ! Les choses n’ont fait qu’empirer, devant une menace fantôme qui semble ne jamais devoir finir. De nouveaux confinements ont eu lieu, un peu plus doux peut-être, mais accompagnés de nouvelles restrictions inimaginables il y a deux ans seulement : couvre-feu, jauges, interdictions diverses, filtrages, passeports sanitaires, etc.

Il y a une évidente insécurité dans tous les domaines de la vie. Certains pans de l’économie en sont très sérieusement touchés, et cela a de quoi mettre en péril la bonne santé mentale de nombreux professionnels. Du jour au lendemain, une décision peut être prise ad hoc par décret, susceptible de détruire les plans que l’on avait échafaudés ou de sonner le glas de telle ou telle activité. La restauration, la culture, les festivités locales, la vie associative ou encore les spectacles traditionnels, entre bien d’autres choses, pourraient ne jamais vraiment s’en remettre.

Dans les jours où nous écrivons, la notion de « passe sanitaire » défraie la chronique. Diverses dispositions sont encore dans le flou. Les lignes doivent encore bouger et on parle de menace sur les contrats de travail, d’éventuel licenciement ou autre. Pourtant, des tests répétés semblent inconcevables, tandis que l’on peut comprendre qu’un individu ne veuille pas être vacciné dans un contexte d’incertitude sur les produits disponibles, pour des raisons morales ou bien parce qu’un ou plusieurs membres de son entourage en ont péri.

Devant les mutations économiques en cours et à venir, il paraît plus important et judicieux que jamais de prendre en main son destin. L’indépendance, en matière professionnelle, est un atout, d’autant qu’elle stimule la motivation et permet naturellement une pluriactivité aidant à faire face aux soubresauts de l’actualité. De surcroît, cette autonomie (où l’on est son propre patron) n’est pas opposée à la sécurité, car le portage salarial permet de jouir des mêmes droits que n’importe quel salarié.

Quand certains parlent de « retour à la terre », parlons quant à nous de recherche de l’indépendance !