Saviez-vous que sur notre planète existe une zone dans laquelle se trouve une quantité incommensurable de déchets ? Cette zone s’appelle le vortex de déchets du Pacifique Nord, aussi connue sous le nom de « grande zone d’ordures du Pacifique », de « septième continent » ou encore de « continent de plastique ». Un athlète et défenseur de la nature a décidé de parcourir cette étendue de déchets entre Hawaï et la Californie.
Ben Lecomte va à la découverte du Great Pacific Garbage Patch
L’athlète a parcouru 300 milles marins, soit environ 555 kilomètres dans cette zone du gyre subtropical du Pacifique Nord. En effet, on estime que le vortex de déchets du Pacifique Nord, Great Pacific Garbage Patch en anglais, est la zone marine la plus polluée au monde. Toutefois, même si l’attention des médias s’est de plus en plus penchée sur le problème des plastiques, cette zone n’a pas été assez observée et aucune solution pour y remédier n’a encore été avancée.
Cette entreprise de Ben Lecomte est ainsi, à plusieurs niveaux, utile et très appréciée. Son projet, qui porte le nom de « Vortex Swim », a pour objectif non seulement d’être une aventure mais aussi une expérience de recherche. L’athlète est accompagné d’une équipe de scientifiques, de marins et de photographes qui se dirigent tout droit vers les zones où s’accumulent les déchets flottants.
Le projet est également chapeauté par plusieurs partenaires dont l’université d’Hawaï, la National Oceanic and Atmospheric Administration, le Smithsonian Environmental Research Center et d’autres organisations pour lesquelles l’équipe Vortex Swim récoltera des informations sur les déchets qu’elle rencontrera en mer.
Des déchets majoritairement liés à l’industrie de la pêche
Dans son aventure, Lecomte et son équipe ont rencontré toutes sortes de déchets mais l’athlète déclare sans hésiter que la majorité d’entre eux provenaient de l’industrie de la pêche, le reste étant principalement du plastique.
Dans un courriel adressé à HuffPost, il explique que « les objets les plus courants que nous trouvons ont généralement un lien avec l’industrie de la pêche. On a retrouvé beaucoup de filets fantômes, de caisses de poissons et de seaux. » Il ajoute que de nombreux articles ménagers flottent aussi sur le Great Pacific Garbage Patch comme des sacs plastiques, des étuis pour CD, des bouteilles de boissons gazeuses et même un panier à linge.
L’équipe a posté de nombreuses photos et vidéos de leur périple sur Instagram. On y retrouve par exemple de gros objets plastiques, et comme Lecomte le témoigne au HuffPost : « l’eau grouille de débris ».
Mis à part les débris visibles, certains plastiques finissent par se détériorer dans l’océan. Ils finissent ainsi par devenir de petits morceaux, quasiment invisibles à l’œil nu. Durant l’expédition, Lecomte et son équipe ont lancé un filet pour trouver la trace de ces minuscules plastiques et… il y en avait toujours. D’ailleurs, lorsque Lecomte retournait sur le bateau, il n’était pas rare qu’un petit morceau de plastique se retrouve sur son visage.
Le Great Pacific Garbage n’est pas la seule grande zone de déchets dans le monde
A l’heure actuelle, Ocean Conservancy estime qu’il y a environ 150 millions de tonnes de déchets plastiques dans tous les océans du monde, certains d’entre eux flottent sur les océans tandis que d’autres gisent au fond des mers.
En d’autres termes, le Great Pacific Garbage, même s’il nous semble impressionnant, n’est en réalité pas la seule grande zone de déchets dans le monde. Quatre autres zones de cumuls de déchets similaires se trouveraient dans les océans. Toutefois, ces zones de déchets se déplacent tout le temps.
Le Pacifique, par exemple, abrite deux zones de déchets : l’une dans le Pacifique Nord – où l’équipe de Vortex Swim est allée – et l’autre, dans le Pacifique Sud.
La zone de déchets dans le Pacifique Nord est particulièrement difficile à étudier car elle couvre une vaste région – de la Californie au Japon – et comprend deux sections distinctes entre lesquelles les courants transportent des particules de plastique dans les deux sens sur de grandes distances. L’exploration de Lecomte et son équipe se concentre uniquement sur la partie est, qui fait à peu près deux fois la taille du Texas.
La faune s’adapte à la présence des déchets
Autre découverte hallucinante, l’équipe de Lecomte a remarqué que la faune et la flore interagissent activement avec les plastiques flottants. En effet, les aventuriers ont observé qu’un petit écosystème s’était formé aux alentours du plastique. Des plantes s’étaient fixées à la surface du plastique tandis que des poissons venaient s’abriter à l’ombre des objets.
Lecomte avait expliqué cela sur Instagram via un post dans lequel il écrivait : « Ces maisons dérivantes errent dans les courants océaniques, collectant des larves et des œufs au passage. »
Les plastiques sont très nocifs pour l’écosystème marin
La présence du plastique dans les océans n’a pas du tout un impact positif puisque beaucoup de plastiques ménagers et d’articles de pêche abandonnés peuvent piéger et étrangler les animaux marins.
Par exemple, on sait que beaucoup de poissons meurent en avalant des morceaux de plastique et de vêtements synthétiques. De plus, de nombreux bébés poissons ingurgitent des particules de plastique en les confondant avec de la nourriture durant les premiers jours de leur vie. D’ailleurs, l’équipage du Vortex Swim avait déjà attrapé du poisson pour se nourrir quand ils ont découvert des éclats de plastique à l’intérieur du ventre d’un mahi-mahi.
Lecomte a également confié à HuffPost que son équipe et lui discutaient souvent de ce qu’il fallait faire quand ils croisaient un plastique avec des poissons vivant autour. Fallait-il sauver ces poissons en enlevant le plastique ? Mais l’équipe a dû se rendre à l’évidence, leur mission était une mission de découverte et de recherche mais non de nettoyage. Le nageur a d’ailleurs déclaré que « si nous ramassions chaque déchet plastique, il nous faudrait un porte-conteneur pour les stocker ».
Quid des opérations de nettoyage des océans ?
Il faut savoir que nettoyer les océans n’est pas une mince affaire. Pour vous faire une idée sur la question, la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), l’agence américaine responsable de l’étude de l’océan et de l’atmosphère, estime qu’il faudrait déployer 67 navires pendant un an pour nettoyer moins de 1 % de l’océan Pacifique.
En effet, la directrice du programme des débris marins à la NOAA, Nancy Wallace, a déclaré que « le meilleur moyen d’empêcher l’accumulation de gros débris est de faire en sorte que les débris ne pénètrent pas dans l’océan ».
Une mesure insuffisante selon Lecomte qui avance que le mieux serait de réduire à la source la production et l’utilisation de plastique. Il l’explique en ces termes :
Pensez-vous que ces mesures seront vraiment efficaces pour lutter contre la propagation du plastique dans nos océans ?
C’est à l’ONU, ce non sens inutile, de mobiliser des moyens pour récupérer et recycler ces déchets et en faire profiter les pays en voie de développement. Quelque chose d’utile pour une fois ! Une flotte de navires pour récupérer, trier, recycler et transformer cette pêche « miraculeuse »