Alors que la consommation de poissons dans le monde atteint des records, l’association WWF tire la sonnette d’alarme. Selon une étude menée par les scientifiques de l’Université de Kiel, si l’Homme continue de surexploiter ce que donnent les océans, les poissons pourraient totalement avoir disparu du globe d’ici 2050.
Depuis notre enfance, on nous répète que manger du poisson est bon pour notre santé. Riches en oligo-éléments, en oméga 3, en protéines et peu gras, ils sont devenus incontournables dans notre alimentation. En seulement 70 ans, la consommation de poissons annuelle des Français est passée de 9 à 35 kg par habitant. Et cela a des conséquences inattendues sur la biodiversité marine qui, à terme, pourraient mener à la disparition pure et simple des poissons sauvages.
Une consommation qui augmente trop vite
C’est la WWF qui a alarmé le monde sur cette situation méconnue du public lors de la Semaine Internationale de la Pêche Responsable qui s’est tenu du 20 au 26 février dernier. En se basant sur des travaux réalisés par des scientifiques de l’Université de Kiel, l’association a rappelé que 82 millions de tonnes de poissons sont pêchés chaque année pour finir sur nos étals.
Un chiffre qui a quadruplé depuis 1950 et qui est en constante évolution au vu de l’accroissement de la population mondiale. Mais cette surconsommation risque d’avoir des conséquences dramatiques sur l’environnement mais aussi pour l’Homme.
Pourquoi mettre du poisson dans nos assiettes est-il dangereux ?
La majorité des poissons que nous consommons sont importés. La pêche revient dans certains cas à priver des populations de leur premier apport en protéine comme l’a souligné l’ONG. Selim Azzi, chargé de projet pêche durable de l’ONG a expliqué que » Les pays développés, auront toujours du poisson dans leurs assiettes. Mais certains pays africains par exemple éprouveront des difficultés à se nourrir, car nous pêchons de plus en plus dans ces zones où ils ne disposent pas des technologies pour exploiter leurs richesses. »
En plus des conséquences sur la consommation des pays les plus pauvres, la surpêche empêche également la reproduction des espèces. Les pêcheurs ne respectent pas la croissance et le cycle de reproduction des animaux, et de jeunes poissons n’ayant pu procréer se retrouvent dans nos assiettes. Or, respecter cette période pourrait permettre aux espèces de survivre.
Que faire pour éviter une potentielle disparition des poissons et fruits de mer ?
La WWF a émis plusieurs idées pour nous aider à consommer du poisson de manière plus responsable. Idéalement, l’ONG voudrait que la population réduise sa consommation à seulement 12 kg par an et par personne. Elle préconise également de privilégier certaines variétés de poissons qui prolifèrent plus facilement que d’autres. Le but est à la fois de favoriser les proies par rapport aux prédateurs mais aussi de substituer des espèces par d’autres comme le mulet qui est similaire au bar.
» On travaille avec de grandes enseignes pour les amener à faire des efforts en vendant d’autres spécimens. Par exemple, plutôt que de manger du thon albacore, préférer le thon listao. Le but de cette démarche consiste à laisser le temps aux stocks de se reconstituer. Pour cela, il faut rééduquer les consommateurs sur la réalité des espèces » poursuit Selim Azzi. Enfin, l’ONG a mis en ligne un petit guide permettant au consommateur de voir quel poisson ou fruit de mer il peut manger et quelles espèces à éviter.
Par Justine Manchuelle, le
Source: Sciences et Avenir
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